venez à la lumière

photo Alina Reyesphoto Alina Reyes

 

Cela se pratique-t-il encore, l’achat des indulgences ? Je veux dire, officiellement ?

J’en ai déjà parlé avec un avocat spécialisé, il comprenait parfaitement ce qui se passait, c’est grave et nous pourrions demander une enquête. Mais tel n’est pas l’ordre du jour. L’ordre du jour, c’est l’amour, à accomplir dans la vérité.

« Tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient reconnues comme des oeuvres de Dieu. » (Jean 3) Le mal doit être mis à la lumière comme le bien, car la lumière détruit le mal et exalte le bon. Ainsi devenons-nous enfants de la lumière.

Lorsque Frédéric Boyer a publié sa traduction des Confessions de Saint Augustin en la retitrant Les Aveux, ce déplacement linguistique a créé un émoi certain. Sans évoquer ici le reste de la traduction, je dirais que ce changement de titre sonne comme un inconscient prophétisme. L’Église s’est confessée pendant des siècles, et maintenant elle a besoin de passer aux aveux.

La confession est belle, grande et bonne, mais elle ne suffit pas à faire renoncer au mal. L’Église invisible est sainte, éternelle et bonne, mais la trahison guette les membres de l’institution et creuse sous elle un abîme tout près de la rattraper. Gustaw Herling dans ses Variations sur les ténèbres met en évidence cette impasse de la confession dans l’église catholique, ce risque de tomber dans le cercle vicieux d’un mal éternellement recommencé. À vrai dire, l’alternance et la complicité de la confession et du péché rejettent l’homme qui s’y adonne dans le sombre paganisme d’un Sisyphe, et pire, finissent par le faire chuter définitivement du sommet où il est astreint à rouler sa pierre.

Sa pierre, il lui faut s’en débarrasser tout à fait. Il ne suffit pas de déposer jour après jour son fardeau dans l’ombre d’un confessionnal. Dieu entend cette demande de pardon, mais il ne peut s’en contenter. Dieu demande un geste. L’Amour, la Vérité, l’Honneur demandent un geste, une parole. Un geste accompli au jour, une parole franche et ouverte, un aveu reconnaissable et reconnu, assez effectif pour qu’il permette d’entrer dans la réhabilitation de l’être. Une parole de reconnaissance face à la vérité, et une action de réparation devant les hommes, comme dans les cas de scandales éclatés au grand jour.

Et puis, cela ne suffit pas encore. Il faut se déshabiller. Oui, laisser tomber de soi le personnage, la figure, la naissance, la culture, la vision acquise sur soi et sur autrui. Enlever tout cela. Toutes ces hardes. Afin de pouvoir voir, voir vraiment ce qui est, dans la lumière. Sans doute est-ce pour beaucoup presque impossible. Mais tout peut arriver, et le coeur du meilleur bat au milieu du monde. C’est un travail énorme que de demander au monde une minute de silence pour l’entendre. Nous le savons, les temps sont proches, c’est devant eux qu’il faut dire et agir, car ce sont eux qui jugeront, de leur regard clair et vivant.

 

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