Rendre aux enfants de Gaza et de tout le pays la source

photo Alaa Badarneh

 

Voici, dans ma traduction, Une prière juive pour les enfants de Gaza, par Bradley Burston. Qui écrivit aussi, dans A special place in hell : « Le fait est qu’Israël, plus peut-être que les Palestiniens, a besoin d’un Gandhi », en dénonçant le fait que de part et d’autre, par machisme, l’action non-violente est trop souvent vue comme indigne d’un homme.

S’il fut jamais un temps pour prier, c’est bien ce temps.

S’il fut jamais un lieu abandonné, Gaza est ce lieu.

Seigneur qui es le créateur de tous les enfants, écoute notre prière en ce jour maudit. Dieu que nous appelons Béni, tourne ta face vers eux, les enfants de Gaza, qu’ils connaissent tes bénédictions, et ta protection, qu’ils connaissent lumière et chaleur, où il n’y a maintenant qu’obscurité et brouillard, et un froid qui coupe et serre la peau.

Tout-Puissant qui fait des exceptions, que nous appelons miracles, fais une exception pour les enfants de Gaza. Fais-leur rempart de nous et des leurs. Épargne-les. Guéris-les. Garde-les sains et saufs. Délivre-les de nous, et des leurs.

Restaure leurs enfances volées, leur droit de naissance, qui est un goût du paradis.

Rappelle-nous, ô Seigneur, l’enfant Ismaël, qui est le père de tous les enfants de Gaza. Comment l’enfant Ismël fut sans eau et laissé pour mort dans le désert de Beer-Sheba, si privé de tout espoir que sa propre mère ne put supporter de voir sa vie s’enfuir.

Sois ce Seigneur, le Dieu de notre parent Ismaël, qui entendit ses pleurs et envoya Son ange réconforter sa mère Hagar.

Sois ce Seigneur, qui fut avec Ismaël en ce jour, et tous les jours d’après. Sois ce Seigneur, le Tout-Miséricordieux, qui ouvrit les yeux d’Hagar en ce jour, et lui montra la source d’eau, qu’elle puisse donner à boire à l’enfant Ismaël, et sauver sa vie.

Allah, que nous appelons Élohim, qui donnes la vie, qui connais la valeur et la fragilité de toute vie, envoie à ces enfants tes anges. Sauve-les, les enfants de ce lieu, Gaza la plus belle, et Gaza la damnée.

En ce jour où la trépidation, la rage et le deuil qu’on appelle guerre, saisissent nos cœurs et les rapiècent de cicatrices, nous te prions, Seigneur dont le nom est Paix :

Bénis ces enfants, et garde-les de tout mal.

Tourne ta face vers eux, ô Seigneur. Montre-leur, comme si c’était la première fois, lumière et bonté, et submergeante grâce.

Cherche-les du regard, ô Seigneur. Laisse-les voir ta face.

Et, comme si c’était la première fois, donne-leur la paix.

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Le sang vivant vaut mieux que le sang mort. Le sang vivant est notre cœur et notre intelligence. Il est plus difficile de les rendre assez inventifs pour mener et gagner le combat, mais il ne faut pas voir peur du plus difficile. Il faut chercher des voies qui préservent la vie, autant que possible. D’autres l’ont fait, n’en serions-nous plus capables, hommes du XXIème siècle ?

Je ne crois pas que la Palestine s’en sortira par la guerilla, sinon elle en serait déjà sortie, depuis le temps. Et je ne crois pas non plus que la Palestine ni les autres pays de la région ou du monde aient intérêt à se mettre entre les mains  de n’importe quels combattants armés qui leur promettent la libération et ensuite les asservissent pendant des décennies, comme on l’a vu dans un passé récent et comme on risque de le voir de nouveau sous d’autres formes et étiquettes. S’il n’y a pas de recette miracle pour s’en sortir, le mieux n’est-il pas de renforcer les liens entre toutes les bonnes volontés de tous bords, sur le terrain des différents côtés et dans le reste du monde, afin de faire évoluer les mentalités et donc la situation ? C’est un long travail, mais certains y sont, et il faut le renforcer jusqu’à ce qu’il aboutisse, voilà ce que je crois.

Israël réclame le droit de vivre en paix. Mais nul oppresseur ne peut réclamer ce droit. Tant qu’Israël continuera à coloniser, piller les terres, piller l’eau, emprisonner les Palestiniens derrière des murs, des frontières infranchissables, des check-point interminables, il ne peut pas demander à ce qu’on le laisse vivre en paix. C’est tout simplement impossible. Rien ne s’arrangera tant qu’il n’aura pas changé complètement de politique. Deux États dans un premier temps, puis leur réunion en un seul, un État pour tous les Palestiniens quelle que soit leur origine et leur confession. Un État digne de ce nom. Pour les enfants de tout le pays, notre pays commun, notre patrimoine mondial, notre patrie universelle, nous devons tous œuvrer pour un État unifié, pacifié.

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alinareyes