Don et libération

Alina Reyes

 

Le Coran comme l’Évangile porte une parole qui libère. Tous les interdits pesant sur les païens ou les juifs y sont remis en question, réordonnés, allégés dans le sens de la raison, de la justice, de l’égalité de droits entre hommes et entre hommes et femmes. Si certains interdits ou certaines sanctions portés par le Coran sont mal lus, ce n’est pas la faute du Coran. Pas plus que ce ne serait la faute de l’Évangile si l’on prenait à la lettre la parole de Jésus commandant de se couper la main si elle incite au péché, ou celle de Paul commandant aux femmes de se voiler et de se taire. Paul n’est pas Jésus, ses paroles ne viennent pas toutes du ciel. Mais Jésus et le Coran viennent du ciel, il y a donc lieu de leur accorder foi absolument. Et pour cela, d’apprendre à les lire. « Lis ! », telle est la première parole dite par l’Esprit à Mohammed, qui ne savait pas lire. Cette première parole, il faut savoir la lire elle-même. Car la parole venue du ciel est un don total, tout à la fois graine jetée en terre, et la pluie et la lumière qu’il faut pour l’arroser, afin qu’elle grandisse et se développe, et devienne, de graine, plante, arbre, fleur et fruit bon à nourrir.

« Lis ! », jeté en terre, signifie : « si tu es illettré, apprends à lire ». Mais ensuite, car la croissance de la graine ne s’arrête pas là : « une fois que tu sais lire, déchiffrer les lettres, apprends à déchiffrer le sens de ce que tu lis ». La parole de Dieu n’est pas terre à terre comme celle de l’homme. La parole de Dieu est ciel à terre, et tout ce que Dieu fait descendre sur la terre, il attend que cela y remonte, transformé par Son action, avec le concours des jardiniers. Et le sens de la parole de Dieu, qui monte bien plus haut que le plus grand arbre, n’en finit jamais de croître. Ceux qui veulent le figer, le rabougrir comme un bonsaï, sont pires que les païens. Au contraire, veiller sur sa croissance, c’est reconnaître l’infini et permettre d’y entrer, à sa suite.

« Et maintenant, je vous confie à Dieu et à sa parole de grâce, qui a le pouvoir dynamique de construire l’édifice et de faire participer les hommes à l’héritage de tous ceux qui ont été sanctifiés. Argent, or ou vêtements, je n’ai rien attendu de personne. Vous le savez bien vous-mêmes : les mains que voici ont pourvu à mes besoins et à ceux de mes compagnons. Je vous ai toujours montré qu’il faut travailler ainsi pour secourir les faibles, en nous rappelant les paroles du Seigneur Jésus, car lui-même a dit : Il y a plus de béatitude à donner qu’à recevoir. » Paul (Actes des Apôtres 20,32-35)

 

alinareyes