Quand Manuel Valls règle son compte au peuple

Il voulait voir plus de « Blancos » et moins de Noirs dans sa ville. Il stigmatisait cruellement les plus pauvres d’entre les pauvres, les Roms. Il portait la kippa avec les élites, mais songeait à interdire le foulard à l’université. Il usait de sa position pour faire chasser les SDF de sa rue. Il n’a cessé de donner le sentiment de mépriser et détester le peuple. Et aujourd’hui, dans son premier discours de Premier ministre… Manuel Valls dénonce le peuple, le peuple tel qu’il va mal par la faute de ses gouvernants – sans jamais dénoncer pour autant la corruption et les fautes des puissants.

Il dénonce les communautarismes – ce qui revient à cibler essentiellement les musulmans. Il dénonce l’antisémitisme – mais pas l’islamophobie ni la christianophobie, ne parlant pour les expressions de haine envers les musulmans et les chrétiens que d’actes anti-musulmans ou anti-chrétiens. Il dénonce la délinquance – celle des pauvres, toujours, sans dire un mot de la mise à sac des peuples par ceux qui détiennent l’argent.

Il dit qu’il veut dialoguer encore avec les Français sur le terrain. Mais quand il le fait, c’est pour les dominer, comme avec ce pompier auquel il rappela qu’il lui était fait obligation de respecter la hiérarchie.

Il annonce, non pas une augmentation du SMIC, mais la suppression totale des cotisations de l’employeur pour les salariés payés au SMIC. Cela n’apportera rien aux pauvres, mais incitera les employeurs à ne pas payer au-dessus du SMIC ceux qu’il recruteront. Les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, même diplômés, peuvent s’attendre à fournir les rangs des classes pauvres, plutôt que des classes moyennes.

Il affirme la nécessité de l’Europe, mais sans évoquer autre chose que l’Europe économique, celle qui a prévalu jusqu’à présent, et pour tant de gens avec les conséquences catastrophiques que l’on sait. Rien sur l’Europe politique et culturelle.

Il annonce des économies publiques, et notamment la diminution du nombre de régions et la suppression des conseils départementaux. Les instances de proximité sur le territoire disparaîtront ainsi, mais il n’annonce pas la suppression du Sénat, cette danseuse coûteuse et inutile au peuple.

Il parle de « lutte contre l’échec scolaire » sans en dire davantage, alors que la délinquance et le communautarisme qu’il dénonçait sont directement liés à l’échec grandissant du système scolaire vis-à-vis des plus défavorisés, facteur majeur d’accroissement des inégalités.

Le logement ? Il faut en produire « moins cher, plus vite ». Eh bien, ça va être beau et solide ! Dans quoi vont vivre les pauvres ?

Les Français manquent de confiance en eux-mêmes, martèle le Premier ministre. Ils « doivent se regarder avec lucidité ». À l’entendre, si la France va mal, c’est la faute du peuple. C’est la faute des Français s’ils ne trouvent pas de travail, si les postes sont verrouillés par ceux qui les détiennent et fonctionnent en réseaux garantissant l’existence des uns et l’exclusion des autres, si la corruption aux plus hauts niveaux gangrène le système et détruit les possibilités du vivre-ensemble.

M. Valls termine en rappelant ces valeurs de la République qu’il n’a cessé lui-même de bafouer, tolérance, solidarité, respect, liberté. M. Valls annonce comme tant d’autres qu’il va parler vrai, et comme tant d’autres, ment. Avec la bénédiction de tant de béni-oui-oui vivant dans le monde de Mm Valls et consorts, pas dans celui du peuple, leur victime.

alinareyes