Immense Tadeusz Kantor

« À une époque où règnent trop souvent l’exploitation des innovations d’hier, où les audaces apparentes ou réelles sont consommées, assimilées, digérées à une vitesse foudroyante, où le choc voulu dissimule mal un conformisme souvent profond, où le maniérisme se veut style et finesse quitte à changer selon l’évolution des modes et des snobismes, Tadeusz Kantor pose comme condition même de son activité – et cela fera bientôt quarante ans qu’il la pose – le radicalisme en art. Ce radicalisme n’est point « jusqu’au boutisme ». Il implique le refus des compromis et des concessions, l’engagement total et sans tricherie, dans une aventure non-programmée qui passe par la volonté d’aller toujours au-delà. Il suppose la lutte continuelle contre les pratiques courantes, traditionnelles, conventionnelles, un art fondé sur le risque permanent, un risque qui ne soit point calculé. Tadeusz Kantor ou la vie dangereuse d’un artiste sur la corde raide. Une telle conception ne va pas sans renouvellement incessant et surprenant, chaque nouvelle création marque une étape en rupture, mais derrière la série des ruptures la continuité demeure : le passé a beau être mis en cause, rejeté, violé, créations et manifestes ont beau se succéder, au-delà du renouvellement le passé demeure à travers thèmes et nostalgies. À chaque création Kantor remet tout en jeu et se remet lui-même en question, mais les bases de son idéal exprimé en 1942 restent valables pour aujourd’hui. Telle est bien la dialectique de l’évolution artistique de Kantor. » Denis Bablet, Les voies de la création théâtrale, T. Kantor, Éditions du CNRS 1983

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Brève présentation, suivie de La classe morte
https://youtu.be/xSoE8V1ObuE

Émission sur Kantor suivie de Wielopole, Wielopole
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