Montagnarde toujours

Je révise Voyage, y compris dans son titre, et c’est profondément apaisant. Le livre ne correspondait plus à ce qu’il a créé. Au fond il porte bien son titre, c’est un voyage, il a continué à avancer, hors du livre, hors de lui-même. Il continuera à le faire, il est comme un camp de base pour les lecteurs qui poursuivront eux-mêmes. Mais il y a eu des changements géologiques, le camp devait être remonté, à tous les sens du terme. Voilà qui est en train de se faire, à vrai dire il s’agit d’ajustements pas si considérables, mais qui changent quand même le visage de l’ensemble, comme après un simple lacet dans la montagne le paysage peut apparaître tout neuf.

Je pense à Hegel écrivant sa Phénoménologie de l’esprit, d’abord intitulée Système de la science, dans les problèmes d’argent, notamment avec son éditeur qu’il soupçonnait de malhonnêteté – travaillant à ce livre si extraordinaire dont 750 exemplaires seulement furent vendus en vingt-trois ans, et auquel il travaillait encore quand il mourut – en vue de la seconde édition. La vie est au moins aussi extraordinaire.

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alinareyes