13 novembre, je me rappelle

mairie-13emairie du 13e, cette fin de semaine

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Nos enfants, jeunes adultes, circulaient dans Paris ce soir-là. L’un d’eux nous a appelés pour nous dire qu’une fusillade venait d’avoir lieu dans la rue où il passait. On ne savait pas encore de quoi il s’agissait. Ensuite il est resté enfermé toute la nuit, entassé avec ses amis dans le petit appart où ils s’étaient retrouvés pour une fête, tout près, évitant de ressortir et suivant les informations dans l’angoisse, comme nous, comme tout le monde.

Je me rappelle et je pense aux 52 Pakistanais tués par Daech hier dans un sanctuaire soufi. Je me rappelle la laideur de la guerre. Je me rappelle qu’après ce genre de choses, qui peuvent arriver aussi sous d’autres formes dans la vie privée, pour ne pas sombrer ni dans la dépression ni dans la haine ni dans le syndrome de Stockholm, il faut se rappeler. Sans panique ni fuite, en calmant ces moments où le passé cherche à tuer présent et avenir, à tuer soi ou autrui. En s’exerçant patiemment et sans relâche à toutes les armes qui peuvent combattre le mal : la raison, l’amour des proches, le respect d’autrui et de soi-même, le désir de justice, le refus d’accepter l’inacceptable, la détermination à continuer dans la juste voie, celle qui ne nous vole pas notre être. Se rappeler soi-même, quand on a été chassé de soi par la violence, la manipulation, le crime.

Se rappeler soi-même et rappeler le monde avec soi.

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