Littérature pour bonnes dents

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Imaginons Gérard de Nerval pour Aurélia, André Breton pour Nadja, Julio Cortazar pour Marelle, recevant des éditeurs des lettres leur expliquant qu’ils ne peuvent publier leur livre car il ne correspond pas au « marché ». Pour prendre un exemple plus humble et de cette semaine, c’est ce qui m’est arrivé pour mon dernier roman, disons pas ordinaire, comme tous mes précédents livres. S’ils n’ont pas tous la franchise de le dire, c’est bien ça : les éditeurs ne veulent plus que ce que veut le marché, goule édentée : des hamburgers de fast-food trafiqués et recuits, ou bien de bons vieux pot-au-feu bien bouillis. Moi je sers des entrecôtes à point, saignantes, goûteuses et odorantes, passées au feu autour duquel se tiennent paisibles des affamés auxquels, en pleine nature, j’en fais voir de toutes les couleurs sous le ciel étoilé.

Hier fin de soirée « fortune cookies » achetés l’après-midi au supermarché chinois, avec des messages tombant étonnamment pour chaque personne présente. Cette nuit, nuit blanche, nuit d’écriture. À l’aube j’ai regardé l’étoile du matin se déplacer vers l’est.

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alinareyes