« De son intimité s’échappait un suave parfum »

Hokusai-Mont-le-Fuji-rouge

Hokusai, 36 vues du Mont Fuji : le Mont Fuji rouge

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« De son intimité s’échappait un suave parfum. La croupe était appétissante, rebondie à la perfection et d’une blancheur de neige. Blanc comme neige… La neige vient du ciel, et il ne fait pas de doute que l’expression elle aussi a son origine dans l’empyrée ! Oui, se disait-il, ce qui est impossible ici-bas devient réalisable dans l’au-delà, ainsi le miracle des arbres qui donnent des mochi ! Tout en se réjouissant à l’idée de découvrir à l’intérieur des cuisses un chausson fourré à une pâte exquise, Yorimasa plissait les yeux de volupté anticipée et il murmura : « Si mon vassal Hayata a transpercé de plusieurs coups de sabre le monstre à tête de singe, corps de tigre et queue de serpent après l’avoir capturé, pour ma part, je vais vous enfoncer mon glaive autant que vous voudrez ! Que dites-vous de ça ? Est-ce bon ? » Et il ne relâchait pas son étreinte. Il la prit par-derrière, puis par-devant, enfin ils jouèrent les acrobates avec accompagnement de musique. Trois fois, elle connut l’extase. À peine avait-elle joui qu’il tentait à nouveau de la transporter au septième ciel… Elle exhalait des soupirs et son souffle était suave et mélodieux. Son visage avait les nuances du soleil couchant. Elle cria « Je viens ! Je viens ! » et s’envola au paradis, mouillant de l’eau céleste ses cuisses et sa robe. »

Ryûtei Tanehiko, Le livre des amours galantes (traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu)

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