Pas un jour sans danser

Hier matin dans la salle de danse, photo Alina Reyes

Hier matin dans la salle de danse, photo Alina Reyes

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Effet du hasard ou d’une communication des âmes ? Sans nous être concertées, nous sommes arrivées toutes les trois vêtues de rose vif et de noir pour le cours de danse. La prof nous a fait répéter la chorégraphie en nous tenant les unes les autres par l’épaule, afin que nous dansions vraiment ensemble, que nous sentions physiquement les vibrations et les mouvements d’un corps à l’autre, que nous les accordions ainsi plus finement, avant de danser à la fois individuellement et ensemble. Avec nos morphologies différentes, nos peaux de couleurs différentes, nos âges différents, nos personnalités différentes, nous avons été, chacune et ensemble, heureuses.

Il faut savoir danser seul·e pour pouvoir danser ensemble, et réciproquement. L’une des plus belles inventions des Gilets Jaunes est cette façon de faire mouvement ensemble, en réunissant différentes sensibilités sans pour autant se ranger rigidement derrière une idéologie directrice. Jusqu’ici, ils ont réussi cette chose difficile sans se laisser défaire par les tensions qu’une telle composition génère, et cette réussite est ce qui stupéfie le plus les classes représentantes et garantes de l’ordre social institué, de plus en plus raide à mesure qu’il vieillit. Cette souplesse du mouvement, qui évoluera, s’effacera peut-être mais pour réapparaître plus forte, est un signe de jeunesse à venir pour notre monde.

En face, du côté de l’ennemi (ce n’est pas le peuple qui en fait son ennemi mais lui qui se prouve chaque jour ennemi du peuple), rigidité des genoux et vieilles ficelles machiavéliques. Un attentat tombant à point pour alimenter les « théories du complot », cela prouve seulement que le peuple ne peut avoir confiance en un président et un pouvoir utilisant obscènement au 20 h à la télé le drame des migrants et la question pourrie de l’identité nationale pour détourner des exigences de justice sociale, des exigences de justice. La justice demande la justesse, et pour trouver la justesse, il faut apprendre à danser.

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détail d'une de mes anciennes peintures

détail d’une de mes anciennes peintures

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Voir aussi le mot-clé Danse

et notamment ces vidéos de marches et danses

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Ubu est nu. Faux princes et vrais rois

La chute d’Emmanuel Macron me rappelle celle de Tariq Ramadan, autre faux gourou, autre personnage faux. Ramadan, de toute évidence plus instinctivement talentueux pour subjuguer, a duré bien plus longtemps et a réussi à se faire idolâtrer des pauvres et à convaincre des riches de lui fournir argent et position. Macron a réussi à faire des riches ses supporters, mais n’a pu que se rendre insupportable aux pauvres. Sa stratégie était beaucoup trop calculée et surjouée. Hier soir il s’est avéré de nouveau calculateur et surjoueur, incapable d’une parole d’homme à homme, d’une parole directe, humaine – seulement d’un message enregistré sentant à plein nez les petits calculs. Macron et Ramadan, imposteurs parmi d’autres, ont également la lâcheté en commun. Pris la main dans le sac, ils essaient de se faire plaindre, se mortifient, ravalent ostensiblement leur peine, rajoutent de la comédie à la comédie, de la farce à la farce. Ubu est nu.

Le fil une fois tiré, c’est tout l’habit qui vient. Le reste, le si peu de corps et d’âme qui reste, le temps en décide.

Les gens de la caste ont horreur des déshabilleurs, des déshabilleuses. Que ce soit pour le critiquer ou pour prétendre le comprendre, ils ne savent voir le peuple que dans une condescendance qui sanctionne ce qui est à son sens mauvais en lui (comme si le racisme, le sexisme, l’homophobie et autres incorrections politiques n’étaient pas aussi répandues dans la caste que dans le peuple – la caste ayant seulement plus souvent soin de les cacher, l’hypocrisie étant sa loi et son gage de réussite), et pour le reste ne voient que misère matérielle et intellectuelle chez ce peuple, même quand il arrive qu’ils en soient issus et veulent à ce titre se persuader et persuader qu’ils le défendent. J’ai déjà évoqué au passage le texte pleurnichard d’Édouard Louis dans Les Inrocks, je pense aussi aux mots indigents d’Annie Ernaux hier dans Libé – dont je ressens d’autant mieux la condescendance qu’elle l’a exercée un jour à mon égard, me faisant une leçon pitoyablement maternaliste du haut de sa renommée : selon elle, je ne devrais pas écrire de textes excitants – je l’ai dit, ces gens ont horreur des femmes et des hommes qui déshabillent les faux princes et les fausses princesses.

 

le fil du temps,-min-1

 

Les maîtres des horloges, les rois du monde, ce sont les pauvres, ceux qui vivent sans chercher à tromper, ceux qui appartiennent à la vérité nue. J’ai trouvé en ligne ces phrases de Cornelius Castoriadis :

« Dans le pays d’où je viens, la génération de mes grand-pères n’avait jamais entendu parler de planification à long terme, d’externalité, de dérive des continents ou d’expansion de l’univers. Mais, encore pendant leur vieillesse, ils continuaient à planter des oliviers et des cyprès, sans se poser de questions sur les coûts et les rendements. Ils savaient qu’ils avaient à mourir, et qu’il fallait laisser la terre en bon état pour ceux qui viendraient après eux, peut-être rien que pour la terre elle-même. Ils savaient que, quelle que fût la « puissance » dont ils pouvaient disposer, elle ne pouvait avoir des résultats bénéfiques que s’ils obéissaient aux saisons, faisaient attention aux vents et respectaient l’imprévisible Méditerranée, s’ils taillaient les arbres au moment voulu et laissaient au moût de l’année le temps qu’il lui fallait pour se faire. Ils ne pensaient pas en termes d’infini – peut-être n’auraient-ils pas compris le sens du mot ; mais ils agissaient, vivaient et mouraient dans un temps véritablement sans fin. »

Les carrefours du labyrinthe, II, 1986

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8 décembre 2018, jour mémorable

Je n’oublierai pas ce matin d’hiver où, dans la nuit noire encore, j’ai vu des blindés dans ma ville, Paris. Des blindés envoyés contre le peuple français par le président de la République française.

flashball

Je n’oublierai pas la tristesse sans nom de ce jour où, dès l’aube, les arrestations arbitraires se multiplièrent, par centaines, dans ma ville et dans mon pays. Ce jour où la police, une fois de plus, violenta les manifestants, tirant au flashball dans les visages, dans les yeux, les ventres, là jetant un handicapé à terre, ailleurs traînant une femme au sol par les cheveux, chargeant des gens agenouillés en hommage aux lycéens humiliés par cette même police, nassant ou visant au canon à eau des personnes pacifiques, menaçant de mort ou matraquant des gens tranquilles.

Je n’oublierai pas cet attentat de l’État contre le peuple. Ce blindé dans Paris peint du drapeau européen et du nom Hermès. Hermès, dieu des médias en rempart d’un président autodéclaré jupitérien -une falsification parmi tant d’autres de ce pouvoir.

Je n’oublierai pas ces jours où, après des mois de pouvoir abusif et de harcèlement verbal, les insultes répétées du président aux classes populaires se sont changées en violences physiques. Ce jour où il a fait suivre, en toute perversion narcissique, l’obscénité des violences de celle d’un appel à l’amour.

Je n’oublierai pas ce jour où, malgré les tentatives de terrorisation du peuple par le pouvoir et ses médias dans les jours précédents, des dizaines de milliers de citoyens, soutenus par des millions d’autres, ont manifesté la fierté intacte du peuple français.

Marianne par Alon Guez, École de l'image des Gobelins

Marianne par Alon Guez, École de l’image des Gobelins

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(Gilets Jaunes) Emmanuel Macron, politique de la prostitution

Emmanuel Macron interprète les revendications des Gilets Jaunes comme une demande d’amour. Puisqu’il leur prend de l’argent, il imagine qu’il lui faut leur donner de l’amour en retour. La logique capitaliste crée la prostitution : tout se vend, tout s’achète, y compris l’amour, y compris les âmes. Alain Minc avait dit de lui, en toute sympathie, que c’était « une pute ». Peut-être, mais Macron devrait comprendre que les Français dégoûtés de sa politique n’ont aucun désir d’acheter son amour. Que la seule idée de son amour leur est même plutôt répugnante : tout le monde n’a pas envie d’être « aimé » de quelqu’un qui le plume pour engraisser ses souteneurs.

Les gens ne veulent pas de son amour, ils veulent que justice soit faite. Que le fruit de leur travail ne soit pas confisqué par l’État, que cesse l’en-même-temps obscène de la destruction de tous les services publics et de l’augmentation des taxes. Au début, les gens ordinaires, comme moi, sont patients avec les abuseurs ; ils se disent que ça va leur passer ; au fond, ils ont même pitié, comprenant qu’ils sont cinglés, avec leur délire de toute-puissance ; puis ils se rendent compte qu’il n’y a pas moyen de les faire changer de comportement, qu’au contraire leurs abus s’amplifient. Et qu’il ne sera possible de se débarrasser du mal qu’ils font et répandent qu’en se débarrassant de sa cause, qu’ils incarnent.

Les gens ne veulent pas acheter du faux amour (le vrai ne peut s’acheter), ils veulent que soit respectée la démocratie. Que celui qu’ils ont élu pour servir la République ne se prenne ni pour un dieu ni pour un roi ni pour un empereur  – de façon d’autant plus dérisoire que, face à l’irruption du réel, quand ses concitoyens exigent des réponses, il s’avère incapable de réagir autrement que de façon apeurée, en se cachant et en faisant venir des blindés comme un petit appellerait maman.

Emmanuel Macron, après s’être terré à l’Élysée, reconnaît des « conneries »… qui comme par hasard sont toutes du fait de son Premier ministre. Emmanuel Macron n’assume rien. Il déclare vouloir rassembler le peuple alors que c’est lui qui est divisé – entre maman et doudous, entre désir de s’affirmer et habitude de se vendre (ou d’acheter autrui, ce qui revient au même), entre volonté de domination et érotomanie masochiste (haï ou méprisé, il se sent aimé). Ceux qui ne nous ont donné d’autre choix que d’élire Emmanuel Macron, ceux de sa caste, ont apporté avec lui la peste dans le pays. Même si Macron partait, comme Œdipe dans la pièce de Sophocle, il resterait à la cité la tâche de réparer des dégâts moraux et structurels immenses. Bien au-delà de la personne de Macron et de son existence, ce qui est en jeu est une sortie de la prostitution généralisée des « élites » – fausses élites en réalité, médiocratie instaurée par les alliances iniques du vieux monde en fin de vie. Quel que soit le moment où cela viendra, il faudra beaucoup de courage et d’intelligence pour reconstruire une autre société.

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Gilets jaunes (2). Acte 4 : le fraudeur démasqué

20h25
Un fraudeur, disais-je ce matin de Macron. On pourrait en dire autant de beaucoup d’autres.
Fin de la note.

17h25
Il y a quelque chose de gênant à voir des politiques, des intellectuels, des journalistes, des universitaires, des auteurs, etc., hommes et femmes, parfaitement voire royalement intégrés à la société, soutenir la révolution ou même prétendre la faire. Cette chose gênante, c’est qu’il a fallu qu’ils et elles se soumettent à tous les compromis qu’exige la société pour y gagner une place privilégiée. Croyez-en les personnes marginales, la société rejette toutes celles et tous ceux qui ne se plient pas à ses codes, ses mécanismes, son système. Seules celles et ceux qui y résistent ou qui les refusent par leur vie même sont en mesure de révolutionner la société – et c’est ce qu’ils font, par le seul fait d’être autrement. Les gens bien intégrés dans la société ne font, ne feraient jamais que la répéter.

14h55-15h45
En début d’après-midi des Gilets jaunes tournaient pacifiquement autour de l’ange de la Bastille en se donnant la main. Je vois aussi des images de manifestants pacifiques à Pau, par exemple. Beaucoup de manifestants pacifiques partout en France, mais seule la violence semble se faire entendre un peu d’un pouvoir sourd, paralysé.
Des voitures brûlent dans le 8e à Paris. Affrontements ailleurs dans le pays, notamment à Marseille, à Lyon.
« Laissez-nous passer », scandent les gilets jaunes. Les CRS bloquent toujours mais certains montrent des signes de désapprobation des consignes reçues. » twitter Là-bas si j’y suis @LabasOfficiel @T_Bouhafs
Des manifestants, malgré les violences policières, continuent à essayer de raisonner les policiers : « enlevez votre casque et votre cagoule ; on est comme vous ; vous êtes du côté des riches »…
« Une trottinette brûle avenue de Friedland. » Le Point, tweet (texte intégral) avec photo de la trottinette en feu

13h40-14h40
Finalement des manifestants empêchés d’avancer commencent à lancer des pavés sur des vitrines.
Des gens témoignent être empêchés d’entrer à Paris par la route ou le train, retenus plusieurs heures pour contrôle par la police.
Cet usage disproportionné de la force, cet usage abusif de la force (pas de casseurs aujourd’hui) en dit long sur l’état de faiblesse de Macron et du gouvernement.
Ridicule d’assister à l’écrasage d’une simple petite poubelle de fer en feu par un blindé.
Les blindés avancent sur les Grands boulevards où les manifestants, coincés, ont monté une barricade.
Jusque là les violences policières consistaient en gazages (de gens pacifiques, voulant seulement continuer à manifester). Maintenant s’y ajoutent des tirs de canon à eau et de flashball, en plein visage ou en plein ventre, sur des manifestants mains en l’air, et autres charges contre des manifestants agenouillés ou grenades envoyées sur la presse pourtant clairement identifiée.

12h20-12h40
« Infirmiers, nous participons aux #GiletsJaunes à Paris. Les CRS nous ont dépouillé de notre matériel de 1er secours ( sérum phy, compresses) » twitter @aaron_lili
Gazages de nouveau dans le quartier des Champs ; manifestants (avec la « fanfare invisible ») nassés aussi autour de la rue Caumartin

11h30-12h
Des rassemblements dans toute la France, et aussi à Bruxelles.
Il y a d’autres rassemblements dans Paris (à Bastille, place de la République, Saint-Lazare, le Marais…), mais la circulation est difficile voire impossible de l’un à l’autre, à cause des barrages de police et de la fermeture de 45 stations de métro.
« Une fanfare parmi les #GiletsJaunes boulevard Haussmann à Paris alors qu’un hélicoptère fait du surplace dans le ciel » Frédéric Gouis sur twitter @FredGouis
« La rue saint lazare noire de Monde à #Paris #giletsjaunes #LIVE » Arsène Lupin twitter @ArseneFlipo
À plusieurs endroits de Paris et dans plusieurs villes de France, les manifestants s’agenouillent mains derrière la tête en référence à l’arrestation des lycéens de Mantes-la-Jolie.
Pas de violences de la part des manifestants, mais certains invectivent les journalistes. « Nique ta mère, BFM »
Édouard Philippe a annoncé à 11h 481 interpellations.

11h
Dans cette confrontation immobile, de nombreux manifestants parlent aux CRS qui leur font face : « on est dans la même merde, les gars ; vous êtes comme nous ; ils nous divisent ». « Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Pourquoi vous nous agressez ? » « CRS avec nous » etc. Régulièrement la Marseillaise est entonnée.

10h40
Malgré un vent contre eux, les gendarmes multiplient les tirs de lacrymo sur les manifestants pacifiques priés de se disperser alors que les issues sont bloquées.
« Les voltigeurs sont de retour. 2 policiers par moto, autour des Champs-Elysées » (twitter Alexis Kraland @akraland)
« La photojournaliste Véronique de Viguerie a vu son matériel de protection saisi par la police (Visa d’or 2018 Paris Match + Visa d’or humanitaire du #CICR) » Stéphane Burlot twitter @Stef_Burlot

10h25
Les manifestants bloqués suffoquent sous les lacrymogènes.

10h20
Les manifestants sont nassés dans le secteur des Champs-Élysées, toutes les issues bloquées. Tensions.
Des contrôles sur les routes qui vont à Paris, jusqu’à 80 km avant. Le pouvoir essaie de transformer la ville en prison. La Marseillaise résonne derrière les barrières.

9h40
Des manifestants arrêtés par centaines avant même le commencement des manifestations. Mais les manifestations commencent : on peut les suivre ici en direct sur RT

9 heures
Le petit roi est mort.
Ce n’était rien qu’un fraudeur.
Ceux qu’ils croyait n’être rien ne sont pas ce qu’il croyait. Celui qu’il croyait être n’était pas, n’est pas, ne sera jamais.
Ceux qu’il croyait être ceux qui réussissent s’avèrent échouer.

8 décembre 2018, 7h40 à 8h
De chez moi, j’entends les sinistres sirènes des voitures de police. Des blindés sont sur les places et dans les rues de Paris. La police procède à des fouilles systématiques des manifestants qui arrivent à pied, confisque lunettes et masques de protection contre les lacrymogènes. La police est partout, les Parisiens forcés de quitter le métro, il est quasiment impossible de circuler dans la ville. Une journée de dictature commence, au bout de dix-huit mois d’un pouvoir mis en place par la finance.
Bus et voitures fouillés. Les internautes qui essaient de circuler dans Paris parlent d’une ville en état de siège.
Déjà 121 personnes arrêtées dans la ville, 34 sont en garde à vue, 65 emmenés pour vérification d’identité.

8 décembre 2018, 1h20 du matin
Paris est une fête.
Grosse fiesta de mes voisins toute la soirée, puis soudain la musique et les cris s’arrêtent. Quelqu’un aurait-il prévenu la police ? Déjà ?
Ah non, ça repart.

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7 décembre 2018, 19h
Par un vent bien revigorant, je suis allée faire un tour dans mon quartier, qui fait partie de ceux qui pourraient être « sensibles » demain, pour voir comment il était préparé. Mes images, commentées :

paris 3,-minLa Sorbonne Nouvelle, comme les autres sites universitaires, est fermée
paris 3-min

paris 13e 1-minAvenue des Gobelins, les barrières des travaux ont toutes été retirées, et les trous rebouchés avec de grosses plaque de fonte et du goudron. Quand je suis ressortie en fin de journée, j’ai noté une fréquence assez élevée de passages de voitures de police, sirènes hurlantes.
paris 13e 2-minPlace d’Italie, tout le matériel et les engins de travaux ont été retirés aussi. Pendant que je faisais le tour de la place, un merle me chantait dans l’oreille gauche son chant ravissant, et le plus surprenant c’est qu’il me suivait. Je tournais fréquemment la tête pour le voir mais il restait invisible. Et puis, à la fin, il s’est montré, et je l’ai photographié

paris 13e 5-min

Sur le parvis de la mairie du 13e, à la station de métro, devant les sapins de Noël, une publicité assez de circonstance :

paris 13e 6-min

paris 13e 7-minaujourd’hui à Paris 13e et 5e, photos Alina Reyes

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7 décembre 2018, 9h45
Ce qu’ils font à cette « classe », comme dit le flic dans la vidéo, c’est ce qu’ils font ou veulent faire aux classes populaires. Les soumettre. Ils veulent une classe morte, comme le disait Kantor dans sa pièce éponyme, avec cette notation dans ses carnets de mise en scène :

« Il faut donc à nouveau les rendre ÉTRANGERS. Leur reprendre ces
apparences de fable et de vie.
Leur faire subir la honte. Les dénuder. Égaliser comme dans la scène
du Jugement dernier. Pire. Parvenir à cette sphère la plus
infamante. Comme les cadavres dans l’ossuaire. »

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7 décembre 2018, 2h du matin
Nous sommes tous et toutes, dans la tête de Macron, dans la tête malade des gens qui sont au pouvoir, ces enfants réduits à nous soumettre à eux.
Traiter des enfants et des adolescents comme des prisonniers de guerre, filmer leur humiliation et la diffuser, avec leurs visages, sur les réseaux sociaux : Macron, Castaner, Blanquer sont d’infects pervers. Cet acte lâche est particulièrement répugnant. Symboliquement, il rappelle beaucoup d’images d’horreur, de situations historiques et contemporaines que je préfère ne même pas nommer. Il est une grande violence faite aux enfants, mais aussi à tous les Français à qui sont délibérément diffusées ces images, et à qui elles disent : voilà comment on vous traite, à travers vos enfants.

Arrestation de Mantes-le-Jolie

Arrestation de Mantes-la-Jolie

J’ai reçu comme tous les profs un mail de Blanquer demandant d’appeler les élèves « à la sérénité, au calme et au respect des personnes et des biens », car « appeler des élèves à se mêler aux désordres urbains revient à leur faire courir un danger grave. »  Le danger d’être violenté, mutilé, humilié par la police à laquelle Macron, Castaner et lui les exposent, munie d’armes et aussi de leurs ordres criminels.
Quelque chose d’indicible sous-tend cette mise en scène d’une humiliation publique d’enfants. Quelque chose qui a à voir avec le fait que Blanquer est un prof, et que le couple Macron est constitué d’un élève et d’une prof. Quelque chose dont ils ne sont pas conscients, une scène originelle sur laquelle il faut absolument tenir un rideau fermé. Un sadisme caché, une pulsion d’abus de certains adultes en charge d’enfants. J’en ai parlé dans ma thèse, de cette pulsion de la nuit des temps qui consiste à vouloir tuer l’enfant, que ce soit par le meurtre, par le viol, par l’inceste réalisés ou fantasmés.
Cette image filmée et diffusée avec l’accord de la police, donc de ceux auxquels elle obéit, est un message envoyé avant ce samedi où les blindés entreront dans Paris et ailleurs en France, un message qui dit : nous n’hésiterons pas à vous écraser, à vous mettre à genoux. C’est un message subliminal de cette espèce, que, déjà, Macron avait envoyé en s’adressant aux citoyens protestataires en novembre depuis un porte-avion, depuis l’armée.
Seulement, il n’y arrivera pas, ils n’y arriveront pas. Leurs menaces sont autant d’aveux de leur faiblesse. Ils feraient mieux de réfléchir à ce qu’ils font et aux messages qu’ils envoient, car ils sont taillés en boomerangs qui leur reviendra dans la figure.
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Ma première note sur le mouvement des Gilets Jaunes est ici. J’actualiserai celle-ci de la même manière au fil des jours ou des heures.