Un médecin sans éthique, une humanité en danger

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Il y a des professions où le manque d’éthique peut avoir des conséquences fatales. Comme l’enseignement, où l’on a pouvoir sur les esprits, et comme la médecine, où l’on a pouvoir sur les corps. J’ai vécu aujourd’hui un moment d’une grande tristesse face à l’inhumanité manifestée par un médecin.

J’étais convoquée par la « Direction départementale de la Cohésion Sociale » – quel beau programme. En fait, j’avais rendez-vous avec le médecin mandaté par le « comité médical » qui doit se prononcer sur l’éventuelle prolongation de mon congé maladie. À Asnières, soit à une heure de transports en commun de chez moi, avec deux changements de métro. Ayant lu hier dans Le Parisien que l’air était « irrespirable » dans le métro et singulièrement sur la ligne 13, que je devais prendre, et étant pas mal fatiguée encore par l’opération, l’anesthésie etc., plus la canicule et les insomnies qu’elle engendre, j’ai décidé d’y aller en taxi. Mais au bout d’un quart d’heure il n’y avait toujours pas de taxi à la station et j’ai décidé de prendre le métro afin de ne pas risquer d’être en retard. Arrivée à Asnières, il me restait un petit quart d’heure à faire à pied, mais avec la fatigue je suis partie dans l’autre sens. Au bout d’un moment, me rendant compte que je ne reconnaissais rien, j’ai demandé mon chemin. On me l’a alors indiqué, mais j’ignorais que je n’étais plus à Asnières mais à Gennevilliers, et que la rue de la Paix où l’on m’envoyait n’était pas celle qui menait chez le médecin. Bref, j’ai marché cinquante minutes dans la canicule, à pas vifs, pour finalement retourner sur Asnières et arriver à bon port. Entre temps, j’avais laissé un message sur le répondeur du médecin, pour lui expliquer la situation.

Quand je suis arrivée dans la salle d’attente, il est sorti de son cabinet où il donnait une consultation ; je lui ai présenté mes excuses, je lui ai rappelé le message que je lui avais laissé. Il n’a rien voulu savoir, il m’a donné congé sans ménagement. J’avais plus d’une demi-heure de retard, je n’avais qu’à être à l’heure, c’est tout. Lui terminait ses consultations à 11h30, il n’y changerait rien. J’étais dans un état de très grande fatigue, rouge comme un coquelicot, brûlante (je n’en suis pas tout à fait remise maintenant, plus de trois heures après). Je me rends compte maintenant que j’étais certainement proche du coup de chaleur, car face à sa rebuffade, je me suis effondrée – ce qui n’est pas du tout dans mes habitudes. Je suis tombée en larmes, il est retourné dans son cabinet, me fermant la porte au nez.

Je ne suis pas repartie, tout simplement car j’en étais dans l’immédiat incapable. Je me suis assise, j’ai bu, je me suis éventée constamment, j’ai fait de mon mieux pour me sortir de cet état. À onze heures douze, sa dernière patiente s’en est allée. Il m’avait dit qu’il terminait ses consultations à onze heure trente, mais il ne m’a pas reçue pour autant – alors que ce genre de consultation ne demande pas plus de dix à quinze minutes. Il m’a proposé de revenir le lendemain. De nouveau je me suis effondrée. Il m’a laissée repartir dans cet état.

Il a fallu que je mobilise toutes mes forces pour rentrer chez moi. Maintenant il va falloir que je règle tout cela avec l’administration, qu’elle me donne un nouveau rendez-vous sans doute, tout le pataquès. Peu importe. Ce qui importe, c’est qu’un humain, a fortiori un médecin, puisse se comporter aussi froidement, aussi mécaniquement, face à un autre humain affaibli. Je pourrais parler de non-assistance à personne en danger dans cette affaire. Mais au-delà de ma personne, c’est toute l’humanité que de tels comportements mettent en danger.

En fait, quelle que soit notre profession, chaque fois que nous agissons sans éthique, nous mettons toute l’humanité en danger.

P.S. Messagers de messages non désirés, je ne lis pas vos messages