Jerry Rubin, « Do it » (extraits)

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J’ai pris à la bibliothèque ce livre lu dans mon adolescence, et qui m’avait marquée. Malheureusement, plus tard, Jerry Rubin est passé de l’insolence à la soumission (la soumission au fric, au monde). C’est le problème des hédonistes, ils peuvent commencer bien, mais s’ils en restent là ils tombent en esclavage de leurs appétits, comme les cochons dont parlait Jerry, et ils deviennent pitoyables – voyez ce qu’il est advenu de nombre de stars, qui étaient au départ des êtres humains, des artistes. Revenons donc au temps où Jerry était encore libre et inventif, avec ces quelques passages piochés dans son livre, et rions du monde des hommes.

« Une manifestation, c’est pareil qu’une pièce de théâtre, disait Ginsberg. La vie, l’énergie, la joie qui en émanent peuvent en faire un spectacle exemplaire montrant aux gens comment se comporter dans une situation de danger et d’anxiété. »

« Pareils à des gosses imaginatifs, on jouait « à faire comme les grands ». Tout est possible quand on est petit.
On était des cow-boys et des Indiens, des pirates, des rois, des romanichels et des Grecs anciens. Un vrai panorama historique. »

« Nous sommes ce qui nous défonce. »

« Une famille qui se défonce est une famille unie. »

« La réputation ? On n’avait pas de réputation à perdre. Un boulot ? On n’avait pas de boulot à perdre. La Commission pouvait rien contre nous. »

« Nous sommes d’éternels adolescents. »

« L’âge ? Qu’est-ce que c’est ? Nous n’avons même pas de montres. »

« L’argent, c’est forcément le vol. Dérober l’argent des riches est un acte sacré, un acte religieux. Prendre ce dont on a besoin est un acte d’amour et de libération. »

« Devenir adulte, c’est accumuler de la merde. Rester jeune, c’est rejeter autant de merde qu’on en reçoit. Je suis pour le droit de vote à 5 ans et qu’interdiction soit faite aux plus de 40 ans de voter ou d’être élus tant qu’ils n’auront pas dégueulé toute leur merde. »

« Notre inquiétude sexuelle nous entraîne à affirmer à tout prix notre virilité, et c’est l’impérialisme. (…) L’Amérike a un pénis insatisfait qu’elle essaie vainement de fourrer dans le vagin étroit du Vietnam (…) La révolution part en guerre contre le péché originel, la dictature des parents sur leurs gosses, la morale chrétienne, le capitalisme et ses délires de masculinité. »

« Nous, les rêveurs, nous troublons le sommeil sans rêves de l’Amérike. »

« À ceux qui demandent : « Et votre programme ? », je tends le programme du Metropolitan Opera. Ou je réponds : « Regardez donc à la page des spectacles. Il y a tous les programmes. »

« Dans le doute, fous le feu. Le feu est le dieu des révolutions. Le feu, c’est du théâtre instantané. »

« Les révolutionnaires doivent créer un théâtre qui impose des références révolutionnaires. »

« Bien entendu, la vérité finit toujours par l’emporter. »

« Lee Oswald était semblable à des millions d’Amérikains anonymes qui n’ont droit à rien – ni au fric ni aux rêves ni à l’ambition. On ne prononce leur nom que le jour où ils tuent des rupins ou violent des filles de rupins. »

« En baptisant « cochons » les policiers, nous faisons injure aux cochons à quatre pattes. Les cochons à quatre pattes ne sont ni violents, ni sadiques. Ils adorent se rouler dans leur merde et la manger, sans plus. Ce sont des hédonistes. »

« Les États-Unis mettront fin à la guerre du Vietnam quand il deviendra encore plus difficile de continuer la guerre que d’admettre la défaite. »

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