Conseils du jour pour une rentrée vraiment littéraire

 

J’ai feuilleté en librairie le livre qui semble à cette heure être le plan B des jurés du Goncourt, après qu’ils ont renoncé à celui de Yann Moix : Soif, d’Amélie Nothomb. Je me fiche du Goncourt mais j’avais lu qu’elle y faisait parler Jésus, cela m’intéressait. Sans me faire trop d’illusions, je n’avais pas imaginé qu’elle ferait parler le Christ comme un collègue de bureau, le lundi matin, vous raconterait en se plaignant devant la machine à café l’horrible week-end passé avec des beaufs de sa famille ou de sa belle-famille – sans se rendre compte qu’il est comme eux. Si on ne peut écrire autrement que le commun des mortels, mieux vaut s’abstenir de le faire au nom du verbe de Dieu. C’est une question de sens, et de respect du lecteur. Publier des textes qui n’ont pas de sens constitue un « péché contre l’esprit », une faute que les éditeurs avides de deniers mal gagnés commettent en judas de la littérature.

Je lis Le Vagabond et autres histoires, un recueil d’exquises nouvelles de Rabindranath Tagore, pleines de grâce, d’humanité, d’amour, de beauté – de cruauté aussi, comme la vie. (Et sans y être, Jésus s’y trouve). C’est mon conseil du jour pour faire de cette rentrée une rentrée vraiment littéraire. Si j’en ai le temps, je chercherai sur les étals des libraires un livre récent qui me semblerait intéressant et que je pourrais recommander aussi. Sinon, n’oubliez pas de chercher aussi chez les bouquinistes et en bibliothèque : les livres qui ont passé l’épreuve du temps sont comme le bon vin, ou comme l’eau jaillie de la source après un long parcours dans la pierre, bien meilleurs pour qui a soif sans être prêt à avaler la piquette mise en avant par les marchands.

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alinareyes