Éloge de la Sagesse

Alina Reyes

 

Au jardin, je ne peux m’empêcher de continuer à photographier les roses. L’un des titres que j’avais retenus pour mon premier roman était : Les roses étaient encore très belles. La narratrice essaie de peindre des roses, puis à la fin elle meurt, ressuscite, décide de sauver le monde, mange une rose et jette les épines au chien méchant. Il y a si longtemps que je suis prête, je suis née prête puisque le Christ a été crucifié une fois pour toutes, afin que nous puissions être prêts directement. C’est si simple. Et c’est si malheureux que certains croient qu’il leur faut sans cesse recommencer à jouer la sinistre comédie de la crucifixion, qui croient comme les païens à l’éternelle répétition. Dans l’après-midi je relis des passages magnifiques du Livre de la Sagesse, comme chaque fois j’en suis transportée, je vais même chercher le texte grec en ligne pour mieux voir, je vous traduis par exemple le septième verset du premier chapitre :

« Car l’esprit du Seigneur a rempli complètement l’univers, et lui qui maintient tout, a connaissance de chaque mot prononcé. »

Et je vous recopie, pur bonheur, le sublime éloge de la Sagesse, de la fin du chapitre 7 au début du chapitre 8, dans la Bible de Jérusalem :

« En elle est, en effet, un esprit intelligent, saint,

unique, multiple, subtil,

mobile, pénétrant, sans souillure,

clair, impassible, ami du bien, prompt,

irrésistible, bienfaisant, ami des hommes,

ferme, sûr, sans souci,

qui peut tout, surveille tout,

pénètre à travers tous les esprits,

les intelligents, les purs, les plus subtils.

Car plus que tout mouvement la Sagesse est mobile ;

elle traverse et pénètre tout à cause de sa pureté.

Elle est en effet un effluve de la puissance de Dieu,

une émanation toute pure de la gloire du Tout-Puissant ;

aussi rien de souillé ne s’introduit en elle.

Car elle est un reflet de la lumière éternelle,

un miroir sans tache de l’activité de Dieu,

une image de sa bonté.

D’autre part étant seule, elle peut tout,

demeurant en elle-même, elle renouvelle l’univers

et, d’âge en âge passant en des âmes saintes,

elle en fait des amis de Dieu et des prophètes ;

car Dieu n’aime que celui qui habite avec la Sagesse.

Elle est, en effet, plus belle que le soleil,

elle surpasse toutes les constellations,

comparée à la lumière, elle l’emporte ;

car celle-ci fait place à la nuit,

mais contre la Sagesse le mal ne prévaut pas.

Elle s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre

et elle gouverne l’univers avec bonté. »

 

Puis voici le soir à la maison, je parle au téléphone avec un être cher, puis par internet avec un autre, tandis que les trois garçons physiquement présents sortent et rentrent, mangent mes pizzas un peu cramées, passent me parler, retournent parler de leur côté, les portes sont ouvertes, douceur sublime de la paix, des échanges en vérité et en paix. Tout est si simple, en vérité. Alors que le faux complique tout, en grande stupidité. (Si vous aviez été francs plutôt que maniganceurs vous ne seriez pas dans le marais). Le faux est prince en son siècle, le vrai est roi dans les siècles des siècles. Le vrai vit, maintenant et toujours, dans l’espace divin de l’éternité. C’est pourquoi il est en joie, quoiqu’il en soit. Je suis en joie, je vous le donne.

*

ce qui introduit du malentendu

Le serpent est dans l’Éden en esprit voyeur, ange déchu par jalousie de voir que l’homme et la femme sont sexués, et de ce fait, unis. C’est pourquoi il n’a de cesse de s’immiscer dans les couples afin de leur pourrir la vie. Le récit de l’extraction d’Ève du côté d’Adam ne signifie pas qu’il y a un premier puis un deuxième sexe, mais au contraire qu’il n’est qu’un mode d’être pour l’être humain : sexué.

La théorie des genres, un certain féminisme qui a plus ou moins secrètement en horreur le corps féminin et la maternité, en horreur aussi le corps viril, la théorie freudienne du désir de pénis, tout ce qui introduit du malentendu dans la relation entre l’homme et la femme, sont l’œuvre du diable qui jamais ne parvient à contenter son voyeurisme ni son dépit de voir l’homme plus élevé par Dieu, corps et âme, que lui, esprit cherchant satisfaction dans le néant.

*

Être ou ne pas être

L’homme possédé par le mauvais, qui suit le Christ partout pour déformer partout sa Vérité, dans une obsession tragique : même s’il fait tout faux, même s’il a tout faux, même s’il dit tout faux, son contre-pèlerinage prouve son désir de la Vérité, qu’il n’a pu connaître, elle que le mauvais ne peut connaître. Qui s’est construit sur le mensonge et les apparences, au premier coup de vent de l’esprit de Vérité, il s’écroule. Qu’il cesse de vouloir toujours se rebâtir une image de lui à l’image de son égo, qu’il cesse de vouloir se faire valoir et aimer par son costume, ses entreprises et son argent, et il pourra trouver l’amour vrai, l’être vrai, dans l’abandon et le dénuement, le face à face avec Dieu. La grâce l’emporte sur tout, et elle ne se reçoit qu’en pauvre.

Cet homme est l’homme du monde, et il en est de même pour le destin du monde.

*

Paul renversé par le Seigneur de gloire

Alina Reyes

 

« Nous parlons la sagesse de Dieu, celle qui est cachée dans le mystère, celle que Dieu, avant les siècles, a établie pour notre gloire, celle que nul prince de ce monde n’a connue ; car s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. »

Dans Voyage, je traduis la « gloire » de saint Paul par « pensée », en expliquant que le premier sens du mot est « jugement », au sens du jugement de la pensée.