un jardin partagé avec des gens sans abri
un atelier pour tous, avec des matériaux de récupération
une ferme bio au profit de tous
cuisine nomade, l’entraide et le naturel en partage
Mois : juin 2016
Madame L’Hardy Denonain
une belle intellectuelle jardinière, reine en son jardin sauvage comme l’étaient les vieilles dames que j’admirais dans mon enfance, pour lesquelles j’allais dans les prés ramasser de l’herbe à lapins, et qui me faisaient aimer la vieillesse, si sage, si calme, si paisible
Monsieur Huon
Je fais comme lui, je laboure ma thèse avec mes animaux, je l’écris au stylo… et j’ai encore la ligne, à tous les sens !
Djami et Schiller, cités par Salah Stétié
*
« La substance unique considérée comme absolue et dépourvue de tout phénomène, de toutes limitations et de toute multiplicité, c’est là le réel – al-Haqq. Par ailleurs, considéré sous son aspect de multiplicité et de pluralité, sous lequel Il se manifeste lorsqu’Il est revêtu des phénomènes, Il est l’univers créé tout entier. C’est pourquoi l’univers est l’expression extérieure visible du Réel, et le Réel est la réalité intérieure et invisible de l’univers. L’univers avant d’être manifesté à la vue extérieure était identique au Réel ; et le Réel, après cette manifestation, est identique à l’univers. » Djami, Tuhfat al-Ibrâr
« Il faut tout l’esprit pour voir clair, la vérité habite les profondeurs. » Schiller
Tous deux cités par Salah Stétié dans son livre Le vin mystique et autres lieux spirituels
cet après-midi à Paris 5e, photos Alina Reyes
*
Les arbres sculptés de Fabrice Brunet à la Pitié-Salpêtrière
aujourd’hui à Paris, photos Alina Reyes
*
un article du Parisien sur Fabrice Brunet,
artiste dont j’avais déjà photographié d’autres œuvres il y a deux ans : en comparant avec ici on peut voir l’évolution de son travail
*
Après la manif -du 28 juin 2016 contre la loi travail
Ne souhaitant pas me soumettre aux deux à trois fouilles désormais obligatoires pour pouvoir intégrer la manif, cette fois je ne suis allée photographier que ses restes
manifestation nassée, toutes les voies d’accès en étant entièrement fermées
Sur le boulevard de l’Hôpital encore désert, avant sa réouverture à la circulation, des tags du jour
La police violente les manifestants mais protège les vitrines publicitaires
Des dizaines de camions de CRS stationnés commencent à repartir
le canon à eau est encore là, à l’arrivée place d’Italie, les gendarmes aussi
puis c’est le début du démontage des barrières
photos Alina Reyes
*
Virgile, la descente aux Enfers, et Goin, l’État matraquant la liberté
voir l’article sur la fresque de Goin à Grenoble dans Rue 89
à lire aussi l’article de Raphaël Georgy dans la Gazette Debout sur Sébastien, fondateur de la commission SDF Nomades à Nuit Debout, lui-même sans abri matraqué lâchement et salement blessé par la police
À noter que Dis, dans le poème ci-dessous, est une autre appellation de Pluton, dieu des Enfers dont le nom signifie « riche ». L’enfer c’est l’État quand il est au service de la ploutocratie
*
Dieux, souverains des âmes, Ombres silencieuses,
Chaos et Phlégéthon, lieux muets étendus dans la nuit,
puissé-je dire ce que j’ai entendu, révéler, avec votre accord,
les secrets enfouis dans les sombres profondeurs de la terre.
Ils allaient, ombres obscures dans la solitude de la nuit,
à travers les demeures vides de Dis et son royaume inconsistant :
ainsi va-t-on dans les bois, à la lueur ingrate d’une lune incertaine,
quand Jupiter dans l’ombre a enfoui les cieux dans l’ombre,
et quand la nuit noire a enlevé aux choses leur couleur.
Devant le vestibule même, tout à l’entrée d’Orcus,
les Pleurs et les Soucis vengeurs ont posé leurs couches ;
les pâles Maladies et la triste Vieillesse y habitent,
la Crainte, et la Faim, mauvaise conseillère, et la honteuse Indigence,
figures effrayantes à voir, et le Trépas et la Peine ;
puis la Torpeur, soeur du Trépas, et les Joies malsaines de l’esprit,
ainsi que, sur le seuil en face, la Guerre porteuse de mort,
et les chambres bardées de fer des Euménides, et la Discorde insensée,
avec sa chevelure vipérine entrelacée de bandelettes ensanglantées.
Au centre d’une cour, étendant ses rameaux et ses bras chargés d’ans,
se dresse un orme touffu, immense : selon la légende, les Songes vains
y ont leur siège et restent collés sous chacune des feuilles.
En outre apparaissent aussi une foule variée de bêtes monstrueuses :
Centaures ayant leur étable à l’entrée, Scylla à double forme,
et Briarée aux cent bras et la bête de Lerne,
à l’horrible sifflement, et Chimère tout armée de flammes,
Gorgones et Harpyes, et la forme d’une ombre à trois corps.
Ici, tout tremblant d’une crainte soudaine, Énée saisit son épée,
la dégaine et la pointe vers ceux qui arrivent
et, si sa docte compagne ne l’avertissait que ce ne sont là
que vies ténues voltigeant sans corps sous l’image d’une forme vide,
il se ruerait et de son arme pourfendrait en vain les ombres.
*
Virgile, L’Énéide, Livre VI, traduction de Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet
Planétaire, et au-delà !
Je suis allée travailler à la bibliothèque du Jardin des Plantes, devant laquelle a été installé un planétaire (encore inachevé), l’un des rares au monde, où l’on peut suivre en y marchant le mouvement des planètes.Sous les yeux de la mosquée toute proche
j’ai arrêté de travailler pour aller voir la compagnie universitaire Démodocos interpréter un hymne grec
puis la compagnie Derviche Caravane interpréter une chorégraphie du factice Gurdjieff
et un simulacre de danse des derviches qui a achevé de me convaincre de fuir
Heureusement il y avait des enfants, et puis l’évocation du ciel et de ses astres errants m’a rappelé ma joie d’avoir constaté aujourd’hui, après de pénibles recherches dans mes paperasses, qu’en fait j’ai depuis plusieurs années déjà tous les trimestres cotisés nécessaires, soit 41 ans de travail, pour ouvrir les droits à la retraite (que je pourrai prendre à l’âge de 62 ans). Heureuse de constater que j’ai tant travaillé jusqu’ici dans ma vie ! J’ai commencé à l’âge de 13 ans et même avant, et si je n’ai pas de bulletins de salaire avant 17 ou 18 ans, et si j’en ai perdu certains, et même pas mal, j’en totalise assez, avec le temps qui m’est compté pour mes quatre enfants : comme si j’avais été régulièrement salariée pendant tout ce temps – alors que j’ai vécu seulement de jobs précaires et divers et de droits d’auteur, mais toujours gagnant ma vie.
*
photos Alina Reyes
*
Offre et appel, autour de la Maison des Écrivains et de la Littérature
ce matin dans le petit jardin de la Maison des Écrivains, où j’ai cueilli et mangé une fraise des bois dans l’herbe, sous l’arbre
*
Lecteurs de ce journal, vous qui connaissez les axes de mon travail, si vous êtes vous-mêmes, ou si vous connaissez un professeur en lycée ou à l’université, ou encore une structure ou association qui pourrait souhaiter m’inviter à parler et dialoguer (sur mes livres ou bien sur les questions auxquelles je réfléchis, en rapport avec le corps, la spiritualité, le politique, et bien sûr la littérature et la poésie), accomplir un projet, animer un atelier d’écriture… faites-moi signe, nous pourrons étudier la possibilité de réaliser l’idée avec la collaboration aimable et éclairée de la Maison des Écrivains.
Je suis déjà intervenue à l’université de Boulder (Colorado), à celle d’Istanbul (dans le grand amphi), à l’Université de Tous les Savoirs… et aussi dans une prison, dans une association d’accueil des personnes sans abri, dans une association féministe (à Rome) dans des colloques divers, dans des Instituts français (à Stockholm, Prague, Madrid, Istanbul, Londres), dans des monastères, dans des théâtres, etc. etc. Après quelques années d’ermitage, je désire retourner au contact des gens, j’ai des choses à dire et à échanger.
*
Hegel, « Phénoménologie de l’esprit »
l’Observatoire vu de la Société des Gens de Lettres, cet après-midi à Paris, photo Alina Reyes
*
« Le bourgeon disparaît dans l’éclosion de la floraison, et l’on pourrait dire qu’il est réfuté par celle-ci, de la même façon que le fruit dénonce la floraison comme fausse existence [Dasein] de la plante, et vient s’installer, au titre de la vérité de celle-ci, à la place de la fleur. »
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, traduction Jean-Pierre Lefebvre
*