De la sujétion et de la liberté

 

L’homme est limité tant qu’il est sujet de la Loi. « Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi » (Galates 5, 18) Encore une fois, un exemple concret : si vous êtes sujets de la Loi, vous serez limités dans vos lectures. Certains textes vous seront interdits, d’autres vous demeureront incompréhensibles – ce qui revient au même. Si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous pouvez lire sans limites, vous pouvez voir la vérité dans tout texte de vérité, non comme vérité dans le regard de la Loi, le regard littéral, mais comme vérité dans l’Esprit, universelle, lumineuse et salvatrice par-delà les apparences (selon le regard de la Loi). Et il en est de même dans toute lecture qu’implique le fait d’être homme : lecture du monde, lecture de l’homme, lecture de l’histoire, des événements. La lecture est l’accomplissement de la Loi, elle est le regard, et le regard peut tout changer.

Bien sûr l’homme est limité, nous sommes limités, mais ne perdons pas de vue qu’il n’en est ainsi que parce que nous ne sommes pas accomplis. Cet « être limité » n’est pas vraiment un être, il concerne notre existence. Notre être réel, lui, est sans limites, s’il est en Dieu. C’est pourquoi, plutôt que de nous préoccuper d’exister, nous devons nous défaire de notre sujétion à l’existence, qui veut l’accomplissement de l’ego, nous devons nous tenir fermes dans l’être, fermes dans l’approfondissement de l’être, qui est amour – ce pourquoi plus nous descendons dans l’approfondissement, moins notre ego existe, et plus nous sommes amour, êtres accomplis – sans limites amour, communion, joie, paix – et porteurs de tout cela. « Vraiment libres ».