La burqa bleue

 

Hier c’était l’anniversaire de mon troisième fils. Je lui ai dit combien j’étais heureuse que ses dix-huit ans coïncident avec cette date historique d’une première reconnaissance de la Palestine par l’ONU. Il a soufflé les bougies au même moment où des feux d’artifice illuminaient le ciel de Ramallah. Il est né à Lourdes, dans l’hôpital qui fut d’abord le presbytère où la petite Bernadette vint raconter au curé les apparitions de la Vierge à la grotte. Le médecin accoucheur, chef de la maternité, me racontait qu’il avait une proposition pour aller exercer à la maternité de Bethléem, et cela me faisait rêver. Il était arabe, très jovial et plein d’esprit. Il avait dans son bureau, sur l’étagère, trois livres : le Coran, la Bible, et mon roman érotique en forme de labyrinthe Derrière la porte. Une fois où je suis allée le voir en été, quelques années plus tard, il m’a fait passer, par jeu, une burqa bleue. Ce fut une sensation très intéressante, comme d’être derrière la porte et de pouvoir l’ouvrir, la porte d’un autre monde comme dans mon roman. J’ai les cheveux libres mais je continue à porter la burqa, une burqa invisible, une burqa mentale qui est comme le palmier isolé sous lequel Marie est partie accoucher. L’Enfant vient.

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