Qui a tué  Boris Nemtsov ? Le Parti (de l’Opinion)

Boris Nemtsov

(AP Photo/Pavel Golovkin)

*

«  L’influence de ce vétéran de l’opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit d’une nouvelle génération d’opposants… », dit la presse. Cependant c’est lui, Boris Nemtsov, qui a été assassiné. Pourquoi ? Parmi les hypothèses émises par le Comité d’enquête de Russie, l’un des motifs pourrait être son soutien à Charlie Hebdo, qui lui aurait valu des menaces d’islamistes. Et la jeune ukrainienne qui l’accompagnait, qu’en dit-elle ? On dirait qu’il n’y a qu’un parti dans le monde, celui de ceux qui sont tout à la fois Charlie, l’Ukraine, les États-Unis-Israël… le parti de l’Opinion, des dominants d’Occident. Les autres ne forment pas un parti, ils sont les autres, et c’est bien plus complexe. Mais pour le Parti, les autres ne sont que le fantasme qu’ils s’en font dans leur terreur.

*

Des ignorants, par Héraclite (ma traduction)

« De la parole, de celle qui est toujours, les hommes s’avèrent inintelligents, avant comme après l’avoir entendue. Car de tout ce qui advient selon cette parole, ils semblent sans expérience, quand ils s’essaient tant à des dires qu’à des actes tels que moi je les explicite, distinguant chacun selon sa nature et exposant ce qu’il en est. Mais les autres hommes ignorent ce qu’ils font quand ils sont à l’état de veille, comme ils oublient tout ce qu’ils font en dormant. »
Héraclite, De la nature, I, rapporté par Sextus Empiricus (dans ma traduction)

Les verbes lanthano et epilanthano, ici respectivement employés dans les sens d’ignorer et d’oublier, pourraient se retrouver dans le mot aletheia, « vérité » : le a- privatif indiquant que l’a-letheia, la vérité, serait non-ignorance, non-oubli, dé-voilement. La parole qui est toujours est la parole vraie.

*

Distinguer

La fin ne justifie jamais les moyens. Des moyens faux sont la preuve que la fin annoncée n’est pas la vraie.

Malheur aux semeurs de division, dans les couples, dans les familles, dans les peuples : en dernier ressort, c’est à eux-mêmes qu’ils font du tort.

La mort achève de séparer définitivement bourreaux et victimes. L’espérance redoute cette séparation tant que le retour des bourreaux à la vérité est encore possible. Quand il s’avère impossible, la séparation est un bienfait.

*

Changer la couche

O me dit qu’il est las d’entendre ici et là le mot d’ordre : « Changez le monde ! » Je lui dis : tu sais à quoi ça me fait penser ? À « changer le bébé » – au moment où il est temps de changer la couche du bébé.

*

L’islam en France

Un fort courant réactionnaire en ce moment plaide pour la constitution d’une sorte de clergé dans l’islam en France, afin qu’il soit porteur d’un discours unifié, et structuré un peu à la façon dont l’est le catholicisme. En musulmane, je suis absolument opposée à cette idée, à ce désir de mainmise et de centralisation. Certes il existe actuellement une mainmise de certains pays ou de certains courants de l’islam sur certains imams, mais ce n’est pas une raison pour la remplacer par une autre mainmise. Ce qu’il faut, c’est s’employer à éliminer toute mainmise. Et pour cela, laisser se déployer la pensée islamique à la fois originelle et actuelle, vivante. C’est aux croyants de choisir leurs imams, ils ont la liberté de les choisir ou de les démettre, de les remplacer. Tout est souple en islam – contrairement à ce qu’on croit trop souvent. Souplesse, diversité dans la vérité et liberté, voilà où est l’avenir. Le reste tombera. Là où ont été élevés des obstacles entre l’homme et la Lumière, les faire tomber. Surtout ne pas couper les hommes de leur rapport direct à la Lumière. C’est la seule voie viable.

*

Les raisons d’émigrer, en Israël ou ailleurs

Le nombre des juifs français ayant émigré en Israël a triplé depuis 2012. Il est bien commode de mettre cela sur le compte de l’insécurité – comme si vivre en Israël n’était pas bien plus risqué que de vivre en France. La vérité est que la véritable insécurité des Français tient à la situation économique et politique. Nombre de jeunes partent en Australie ou ailleurs tenter leur chance. Il n’est pas si facile d’émigrer, mais l’émigration pour les juifs en Israël est plus aisée, et peut constituer une chance pour eux de mieux s’en sortir là-bas. Ensuite, beaucoup reviennent, supportant difficilement l’ambiance d’un pays gouverné par l’extrême-droite – mais cela, on évite d’en parler.

*