Journal du jour

Je pense à mon frère Gogol, il me semble que cela pourrait aider Ukrainiens et Russes à faire la paix et à s’entendre, comme l’Histoire le leur demande. Que cessent toutes les oppressions, que les âmes vivantes l’emportent sur les âmes mortes.

J’ai couru aujourd’hui, j’en avais grand besoin. Un épisode de réaction à la pollution et au pollen m’a écartée de la course en extérieur pendant quelques jours ; une séance sur tapis de course m’a laissée malcontente. Alors malgré la pollution du jour encore, je suis retournée courir dehors, au jardin, sur les quais, doucement et pas trop longtemps pour ne pas irriter de nouveau ma gorge, près de cinq kilomètres environ en quarante minutes, avec des escaliers et une petite séance de côte. J’y retournerai peut-être demain si la pollution baisse, cela fait tant de bien.

Gilets jaunes, puis pandémie, puis guerre. Certes tout n’est pas de la faute de Macron, mais penser qu’il peut rester en place encore cinq ans, au vu de sa façon d’être et de sa baraka, il y a de quoi être inquiet.

Je suis retournée prendre l’Iliade en bibliothèque. Je me sens prête à m’y remettre. Je suis une bien pauvre athlète physiquement, mais spirituellement, une athlète accomplie. Accomplie ne signifie pas finie, et ma traduction d’Homère, l’Iliade maintenant après l’Odyssée, est une continuation de mon accomplissement. Je me donne beaucoup dans ce que je fais, et comme dans le sport, des temps de repos, de récupération, sont nécessaires pour progresser. Je me sens comme l’inverse des spectateurs de la Caverne de Platon. Je vois tellement, et à travers un air si pur.

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« Body positive »

À la salle de sport, je vois toutes sortes de corps. Quelques jeunes hommes et femmes athlétiques, mais surtout des corps « ordinaires », c’est-à-dire variés, de différentes corpulences et différents âges. Je trouve très bien que personne n’ait honte de son corps, cela me rappelle ma lointaine jeunesse sur les plages nudistes, dans le Sud-Ouest où notamment beaucoup d’Allemands et autres Nordiques de tous âges et toutes formes passaient tranquillement de bonnes heures nus sur le sable et dans l’eau. Aujourd’hui cela rejoint le mouvement du « body positive », qui vient contrebalancer les diktats de la mode, par exemple en faisant défiler aussi des mannequins obèses, handicapés, âgés, etc., bref, représentatifs de la diversité humaine.

Ce qui est mieux à la salle de sport, ou partout où l’on fait de l’exercice, c’est que toutes ces personnes, dont je suis, ne se contentent pas d’accepter d’avoir des corps différents des canons de beauté en vogue, mais veulent aussi, comme les jeunes athlètes, entretenir et développer leur forme et leur beauté particulière. Et cela pas seulement à coup de fringues et autres maquillages, mais dans leur « corps et âme », dans leur corps vivant, en l’exerçant, en le faisant réellement vivre.

Je songe à cela après avoir vu dans Le Parisien un article, que je ne peux lire car réservé aux abonnés, sur une mannequin de 61 ans qui pose notamment pour une marque de lingerie. Elle a un beau visage, mais son corps est nettement marqué par le temps. C’est très bien qu’elle, comme d’autres, expose la différence et la vérité de son corps. Mais je trouve qu’il serait bon que dans ce mouvement de body positive, on montre aussi des corps exercés, joliment sculptés malgré les handicaps ou l’âge. J’ai 66 ans, je n’ai jamais laissé mon corps s’écrouler, pas plus que mon esprit, mais j’ai dû tout de même réagir à la pente naturelle qui l’amollissait en me mettant plus sérieusement au sport. Je ne prétends pas que tout le monde doive en faire autant, je dis seulement que celles et ceux qui choisissent cette voie doivent aussi être représentés, afin d’encourager éventuellement d’autres personnes à s’engager dans ce chemin de réparation et de bien-être profond.

Il ne s’agit pas que de l’esthétique du corps, encore qu’il soit agréable de se voir des formes harmonieuses, il s’agit surtout de la façon dont on se sent dans un corps tonique, fort, souple, agile, et de garder au mieux, en avançant en âge, toutes ces qualités naturelles de la jeunesse. Cela dans une époque où les corps sont très dégradés, et de plus en plus tôt, par la sédentarité et la malbouffe. Il s’agit de ne pas se laisser aller au déclin physique, ni au déclin cognitif, mais de rendre hommage à la fantastique machine corps-cerveau qui nous a été donnée, tout au long de notre vie.

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