Elles furent promesses de la sève qui montait de la terre dans les tiges virides
Elles furent royaumes de bourdons vibrionnants d’amour,
reposoirs et nectars de papillons portant de place en place
l’heureuse nouvelle de leur métamorphose
Elles furent parure, parfum et soleil des jardins et des tables
Elles jouèrent avec les nuages du ciel, s’ouvrirent à chaque aurore,
soupirantes, exposées au toucher du rayon de lumière.
Elles furent respirées, humées, contemplées,
cueillies parfois, offertes seules ou par bouquets,
messagères d’amour ou de reconnaissance.
Elles sentirent des paumes et des doigts contre leur corps si délicat
Elles rendirent sans compter leur parfum, leur âme.
Et puis, toujours buvant les eaux qui montent et les eaux qui descendent,
s’étant tout entières données, elles ont encore abandonné
à la splendeur leur ultime beauté, les murailles plus douces
que la peau de leurs fragiles citadelles, pétales
qui les vêtaient mieux que le roi Salomon et peut-être,
en tombant, allaient apporter au monde
un fruit encore jamais vu ni goûté, délicieux, nourrissant
et permis.