« Et ce troisième âge est l’horizon dernier ». En lisant ce mot d’Henri de Lubac, commentant maintenant la pensée de Pierre Leroux, autre utopiste du dix-neuvième siècle, je songe que la pensée eschatologique de Joachim de Flore se transforme de plus en plus à travers le temps en pulsion de l’impasse. Ce « troisième âge » devient de plus en plus une vieillesse. L’usure que tous ces penseurs voient dans le christianisme, et à laquelle ils essaient de remédier, est en fait l’impuissance de leur propre pensée devant la grandeur du christianisme, sa vie, son développement dans l’Esprit. Et nous pouvons leur savoir gré de leurs errances, d’abord parce qu’elles participent d’une recherche de bienfait pour l’humanité, et ensuite parce que, à même leur échec, leurs visions éclairent cependant des recoins et malgré elles, nous avertissent qu’ils sont sans issue.
Plus nous avançons dans cette somme du jésuite, plus nous pouvons comprendre à quel point nous comprenons peu ce qu’est le Christ. C’est à démissionner devant cette aventure immense que constitue la tentative de le comprendre, que tous ces hommes se sont engagés dans des pensées chimériques qui s’avèrent vite voies de garage. Tous ces hommes contribuent à me montrer ce que ne doit pas être ni devenir notre Voyage, notre Pèlerinage, et à me tourner mieux vers l’immensité du défi qui consister à explorer et vivre ce que signifie le christianisme.
Jésus-Christ concerne l’humanité entière, à commencer bien sûr par les chrétiens, et, tout proches de lui, les juifs et les musulmans. Eirènè umin, « la paix soit avec vous », dit le Ressuscité. C’est aussi ainsi que saluent les juifs, shalom, et les musulmans, as salam aleykoum. C’est ce que nous devons comprendre en profondeur, trouver, réaliser. En pleine jeunesse. En pauvreté, donc. En joie de vivre. À suivre.