Arabe, hébreu, langues

Jardin des Plantes, photo Alina Reyes

 

Je commence juste à le déchiffrer mais déjà, autant que l’hébreu, j’adore l’arabe. Je vois que les langues sémitiques donnent un bonheur intense, unique, qu’elles déploient à l’infini, parce que vraiment, Dieu y est, toute sa création y est à nu et Il y parle directement. Dans nos langues latines ou anglo-saxonnes il est beaucoup moins proche, elles sont beaucoup plus fermées, beaucoup moins vivantes – je ne parle pas de leur capacité d’évolution, je veux dire vivantes de leur vie intrinsèque. Elles sont par rapport aux langues sémitiques comme une ville par rapport à un jardin, un paysage naturel : la ville s’affaire, mais c’est dans le paysage que la lumière bouge le mieux, descend le mieux du ciel, que les senteurs montent le mieux de la terre, que la verdeur jaillit le mieux, que l’eau et la neige trouvent le meilleur accueil, que la vie universelle et éternelle se clame le mieux. Même le grec, beau comme un éphèbe et que je chéris depuis longtemps, n’a pas cette liberté splendide. Mais j’aime d’amour sans mesure toutes les langues, et elles ont besoin les unes des autres pour se raconter les unes les autres, comme nous avons besoin d’elles pour nous raconter, nous dire les uns les autres.

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… Je reviens bientôt avec la prodigieuse sourate Al-Khaf, La Caverne.

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