Une autre politique

En parlant de « ces populations », les Roms, qui « ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres » et ont en conséquence « vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie », Manuel Valls, soutenu par le chef de l’État, cache sous le mot population le mot race – puisque la misère est dénoncée comme mode de vie irrémédiablement enracinée dans leur être – et sous leur prétendue vocation du retour à leur terre d’origine, l’idéologie barrésienne de l’enracinement des hommes dans la terre où ils sont nés. « La psychologie de la race domine celle de l’individu », écrivait Vacher de Lapouge en 1899 dans L’Aryen.

Tandis que Valeurs actuelles continue à enchaîner les couvertures nauséabondes sur les Roms et les musulmans, et tandis que le gouvernement socialiste ne sait, en guise de politique intérieure, qu’exhiber son idéologie sociétale, semblant vouloir promouvoir un artificiel « homme nouveau », laquelle idéologie engendre en retour des mouvements réactionnaires également nauséabonds… et tandis que cet État ne sait en guise de politique extérieure qu’exhiber ses prétentions guerrières… comment ne pas constater que toutes ces valeurs actuelles – la race, la terre ; l’homme nouveau, la guerre – sont celles du bric-à-brac de la « pensée » pré-, péri- ou post-fasciste, qui poursuit son travail de gangrène dans notre société ?

Une autre politique est possible : une politique généreuse, inventive, audacieuse, une politique dotée d’une vision et d’un vrai courage, une politique de l’intelligence et de l’humanité, une politique qui ne se berce ni ne berce les autres de mots et d’idéologies. Une politique qui agit, qui ne se débarrasse pas par l’exclusion de ses devoirs à l’égard des hommes, qui ne renonce ni à lutter contre le crime, la délinquance et les manquements aux devoirs à tous les niveaux de la société, ni à œuvrer pour respecter, garantir et promouvoir les droits de tous. 

alinareyes