Il ne s’agit pas d’incriminer la police, sa tâche n’était pas facile et peut-être n’a-t-elle pu éviter de tuer les tueurs. Il n’y aura donc pas de procès, pas de parole, et c’est regrettable. Ce qui est très dommageable aussi, c’est de répondre à la mort violente par la mort violente. Chaque fois que cela se produit, c’est une défaite de la démocratie, et le fait que cela se reproduise aggrave chaque fois l’atteinte, et aggrave la blessure que la tuerie initiale fait à l’humanité en chacun de nous.
Pas de procès donc, mais espérons que l’enquête éclairera les nombreuses zones d’ombre de toute cette affaire. Combien y avait-il de tueurs dans les locaux de Charlie Hebdo ? Pourquoi un jeune lycéen s’est-il retrouvé accusé dans les médias, puis le lendemain disculpé par ses camarades de classe ? Qu’en est-il ? Si ce n’était lui, y avait-il un troisième homme, et qui était-il ?
Que se préparait à faire Coulibaly, jeudi matin, quand il est tombé par hasard sur une policière qu’il a tuée, alors qu’il était armé jusqu’aux dents et portait un gilet pare-balles ? Qui était la femme qui, selon des otages réfugiés au sous-sol de l’épicerie casher, l’accompagnait cet après-midi à Vincennes, et où est-elle passée ? Quel est l’homme avec lequel des otages du supermarché ont vu arriver Coulibaly ?
Et puis : dans quelles circonstances exactement Coulibaly à Vincennes et les frères Kouachi à Dammartin ont-il été tués ? C’était exactement à l’heure de la prière du soir. C’est le moment que la police a choisi à Vincennes pour intervenir : les lieux étant écoutés, les policiers ont profité du moment où ils ont entendu Coulibaly commencer sa prière pour libérer les otages et donner l’assaut. N’ont-ils pas usé de la même tactique à Dammartin ? Ou bien est-ce par un pur hasard que les frères Kouachi, à Dammartin, sont sortis en tirant au même instant ? Sont-ils vraiment sortis d’eux-mêmes, ou pour répondre à un assaut ?
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