J’ai établi un plan pour ma thèse. J’ai un DEA (équivalent Master 2) de Littérature moderne et comparée, je ne puis donc la faire qu’en littérature, quoiqu’elle soit largement transdisciplinaire. Évidemment j’aurai ensuite le désir de la transformer en livre, mais j’ai envie de l’écrire d’abord sous forme de thèse car je désire travailler scientifiquement. J’étais inscrite pour préparer une thèse quand j’ai publié mon premier livre – j’ai retrouvé le papier l’autre jour, mon sujet portait sur « l’identité » à travers les œuvres de Schwob et Borges (j’ai oublié l’intitulé exact) et le « succès » de la publication du roman a tout fichu par terre, mais après tout il n’est pas trop tard, même si le sujet a changé depuis – au fond, cela revient assez au même, si l’on considère que le principal était le mot « identité ». Par ailleurs j’ai en quelque sorte continué à travailler sur ce sujet, non universitairement mais littérairement, en explorant par l’écriture de mes différents livres des structures proches de celles explorées par Schwob et Borges. Mon nom d’auteur lui-même entre dans ce travail. Maintenant c’est comme si toute ma pensée depuis l’enfance, toute cette pensée comme un océan, la mienne et celle de toute l’humanité, se rassemblait pour remonter à la source – et cela doit se faire scientifiquement. J’aime la science. Certes il est possible de travailler scientifiquement en-dehors de l’université, et peut-être devrai-je le faire ainsi car il est possible aussi que l’université ne sache pas où me caser avec mon étrange sujet et surtout mon étrange projet, mais justement c’est un défi que j’ai envie de relever, à la fois pour la science, pour la littérature, pour l’université, pour mon pays, et bien sûr pour toute l’humanité, même s’il est ridiculement immodeste de le dire. Remonter à la source du Nil, et faire la carte. Car nous sommes tous sur le départ, un immense départ.
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