C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud, Le dormeur du val
*
C’était la neuvième action poélitique de Madame Terre, réalisée hier par O sur la tombe du soldat inconnu.
Minute de silence pour toutes les victimes des guerres et autres atrocités déclenchées par des puissants à l’abri, pour tous ceux qui s’emploient à réparer les iniquités des puissants en combattant pour le retour à la liberté.