j’ai photographié ce baby-foot mardi au Kremlin-Bicêtre
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20 % des patrons seraient des psychopathes, selon une étude. Herman Melville a très bien évoqué l’aliénation de ce type de personnes dans Moby Dick (le capitaine Achab) et dans Billy Budd, marin (le personnage de Claggart). Claggart est pire qu’Achab, sans doute parce qu’il n’est pas vraiment le patron. C’est le type de psychopathie la plus banale, celle que nous voyons à l’œuvre tous les jours chez toutes sortes de gens, dans toutes sortes de milieux, publics ou intimes, qui ont des fantasmes de domination et doivent eux-mêmes vivre dominés.
Deux acteurs américains talentueux, beaux, riches, célèbres… et victimes d’addictions, accusés de violences domestiques, l’un sur sa femme, l’autre sur ses enfants. Encore de faux patrons, peut-être pas psychopathes mais maladifs aussi. Je leur conseillerais, pour se libérer, de lire ou relire Melville. La littérature peut tout guérir.
Qu’est-ce que la littérature ? Posant la question l’autre jour, j’évoquais l’unité de l’être qui en est la marque, contre la dissociation des fabricants de produits divers. Ajoutons : la littérature est une activité de recherche – le reste n’est que littérature, au sens dégradé ou frelaté du terme. La recherche est ce qui maintient l’homme en vie.
En ce moment je regarde beaucoup de séries policières. Elles remplacent très bien la plupart des romans actuels, qui ne sont que littérature fabriquée, dégradée, aliénée, et ne peuvent désaliéner leurs lecteurs. Seul le polar me semble encore compter beaucoup de livres de vraie littérature, et c’est un genre qui s’adapte très bien à la série, avec sa pénétration dans les réalités sociales, auxquelles il apporte son essence de jeu cathartique, si capitale en littérature. La justice y est réhabilitée de façon tout autre qu’elle ne l’est dans la réalité : si nous sommes invités à la trouver, ce n’est pas en trouvant la vérité mais en jouant avec l’auteur ou les scénaristes. Dans la réalité, la justice se fait par la vérité et la vérité ne dépend pas des hommes, elle est par elle-même. Sa propre patronne.
Parmi les séries policières que je regarde, mes préférées sont celles qui nous viennent des pays nordiques, où les personnages de femmes sont libérées de l’aliénation aux hommes. C’est ainsi, par l’échange entre la fiction et la réalité, que l’humanité avance. Les femmes et les hommes les plus libérés inspirent des personnages de fiction qui à leur tour servent d’exemples aux lecteurs/visionneurs de ces fictions. Dans leurs combats et dans leur force. Aucun mot français ne rime avec le mot triomphe, paraît-il. Apprécions le seul triomphe qui vaille, celui qui s’éprouve seul, indépendamment de la société, comme celui de la lumière qui chaque jour se lève.
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