Édouard Philippe déclare qu’il ira voir le dernier Polanski avec ses enfants. Leur a-t-il demandé leur avis, pour les instrumentaliser ainsi ? Ou bien fait-il partie de ces gens qui pensent qu’il n’y a pas à demander leur avis aux enfants quand on veut les utiliser ? Que penserait-il de confier sa fille de neuf ans à quelqu’un qui serait comme Polanski accusé de viol sur une enfant du même âge et sur plusieurs adolescentes ? Où est passé son prétendu féminisme, dégainé pour critiquer les femmes voilées ? Pas un mot pour soutenir les filles violées ?
Yann Moix, qui défend Polanski depuis longtemps, essaie de déplacer désormais le problème en s’interrogeant sur la raison pour laquelle toutes ces accusations contre lui sortent maintenant, plutôt qu’il y a trente ou quinze ans. (Après avoir dit qu’il se méfiait toujours du passé qui resurgit – t’as raison, Yann, il t’a fait louper le Goncourt, et le plus bête c’est que c’est toi qui l’as fait resurgir, avec tes accusations pas aussi honnêtes que celles des femmes qui témoignent contre Polanski). Eh bien la réponse à cette question, tout le monde la connaît : aujourd’hui les femmes sont en train de libérer leur parole sur les violences que leur ont fait ou leur font endurer certains connards, c’est un mouvement général, tu vois pas ? De même que les hommes qui ont été, enfants, abusés par des curés se mettent à parler aussi – et ce samedi, les femmes victimes de l’église se joindront au défilé du collectif Nous Toutes. C’est ça, l’histoire. Il faut réfléchir un peu avant de dire n’importe quoi, chroniqueur de mes deux. Voilà, le moment est venu où il ne suffit plus d’être un notable, des arts ou autre, pour être à l’abri de la vérité. Ça pique, hein ? Surtout quand on a léché le cul de tant d’autres notables pour dîner à leur table. L’entre-soi patriarcal a mauvaise mine, comme toi.
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