mon vieux dictionnaire de grec, devant ma repeinture en cours
Dans moins de douze mille vers, j’aurai fini de traduire l’
Odyssée. Voilà un travail à la mesure et à la démesure de mon désir. Si j’en traduis une quinzaine par jour, j’ai environ trois ans de joie devant moi. Mais c’est moins le temps, pas si long, qui compte, que la profondeur de l’aventure. Déjà je me rends compte de choses inouïes dans le texte. J’en ferai certainement un commentaire, pour accompagner la traduction quand elle sera terminée. Pour l’instant, continuons à avancer. Ou à bondir, comme Athéna ici descendant des cieux. Ce qui est génial avec le yoga c’est qu’il peut accompagner toute pensée, toute prière, toute aventure de l’esprit et du corps. En tout cas il accompagne à merveille l’Antiquité grecque. (Évidemment il y a aussi des yogis faussaires, comme Sadhguru ou, dans un autre genre et le temps de cet automne, Carrère (je revois et vois pas mal de films américains à la maison en ce moment : ce qui saute aux yeux, c’est la violence de la société américaine; de temps en temps je m’efforce de voir un film français, et là ce qui saute aux yeux c’est la dépression de la société française – d’où ressort un nihilisme au moins aussi morbide) ; il s’agit de bien exercer sa raison pour ne pas se laisser berner. Athéna, déesse de la raison et pilier de l’
Odyssée, aide très bien à y voir clair). Toutes ces parenthèses ouvertes et enchâssées refermées, allons au texte.
*
*
*
Ouvrant les jambes elle s’élance des sommets de l’Olympe,
Se dresse dans le peuple d’Ithaque, sur le seuil d’Ulysse,
À l’entrée du couloir. Dans sa paume sa lance d’airain.
Sous les traits d’un étranger, Mentès, chef des Taphiens,
Elle trouve les prétendants arrogants, jouant aux dés
Le long des portes, attendant, esprits rassasiés,
Immobiles sur les peaux des bœufs qu’ils ont tués.
Auprès d’eux, des hérauts et des serviteurs empressés,
Les uns à mêler dans des cratères le vin et l’eau,
D’autres à laver avec des éponges pleines de trous
Les tables, à les placer et à couper des tas de viandes.
Le tout premier à voir Athéna fut Télémaque,
Beau comme un dieu. Il était là, parmi les prétendants,
Le cœur triste, songeant à son cher et valeureux père :
S’il revenait ! Il disperserait les prétendants
Hors de sa maison, rétablirait son honneur, serait
Maître de ses biens. Y pensant parmi les prétendants,
Il la voit. Alors il va droit dans le couloir, indigné
Dans son cœur qu’un étranger soit longtemps laissé à la porte.
Il s’approche, lui prend la main droite, reçoit la lance
D’airain et lui dit à haute voix ces paroles ailées :
*
le texte grec est ici
à suivre !