Bitocrates. C’est ainsi qu’un compte d’une féministe appelait les machistes et abuseurs (Twitter l’a supprimé pour virulence bien avant de supprimer celui de Trump, pourtant beaucoup plus dangereux). Depuis quelque temps, chaque semaine apporte son accusation de viol envers tel ou tel VIP. Aujourd’hui PPDA, comme on disait jadis. C’est mon roman Lilith (1999) qui est en train de se réaliser, avec ce déferlement de révélations sur la criminalité, jusque là impunie, des puissants. Mon héroïne, Lilith, directrice du Muséum, vient à en avoir assez de la domination masculine. Alors elle prodigue aux abuseurs des fellations fatales, en les vidant de leur sang. Parmi eux, un célèbre présentateur de télévision (je m’étais inspirée pour ce personnage de PPDA, justement, dont on m’avait raconté un comportement minable). Que les femmes se mettent à parler et laissent ainsi les abuseurs exsangues me réjouit.
Si ces femmes courageuses peuvent parler aujourd’hui, quoique ce soit encore très difficile, c’est que d’autres courageuses qui les ont précédées ont, elles aussi, par leurs combats fait peu à peu évoluer le regard de la société sur les pratiques abusives de beaucoup d’hommes, et spécialement de beaucoup d’hommes qui se sont fait une place dans la société en piétinant les autres, une place dont ils se sont servi pour pouvoir continuer à commettre leurs crimes et leurs abus.
J’avais été sanctionnée pour ce livre, Lilith, par quelques connards, apeurés sans doute, du milieu médiaticolittéraire ; mais ce n’était encore rien par rapport à la cabale énorme qui s’est abattue sur moi après et depuis mon roman Forêt profonde (2007). Peu importe, j’ai fait les livres que j’avais à faire et je pense que ça n’a pas été inutile, que ça pourra encore servir, même, quand auront disparu de ce monde les tristes sires acharnés à me faire taire. Au réseau des complices actifs ou passifs qui m’ont vue pendant dix ans réduite à ne plus pouvoir publier, aux salopard·e·s associé·e·s qui n’ont rien voulu savoir de ce qui se passait vraiment, à ceux et celles qui ont préféré, plutôt que de m’écouter, adhérer aux mensonges d’un lamentable notable dont jamais je n’ai accepté le système, je dis : je suis toujours là, je ne me tais pas et je vous plains seulement de vous être rendus vous-mêmes tellement, et de plus en plus, méprisables.
On peut lire aussi, sur le même sujet, ma nouvelle La Dameuse (en fait un micro-roman, paru en 2008), que j’offre en PDF gratuit ICI