Le théâtre de lumière

christ aux limbes,

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Ce n’est pas le Théâtre qui est du théâtre, c’est le monde, mauvais théâtre qui s’ignore avec tous ses personnages lourdement vêtus de leurs rôles respectifs. Le Théâtre est le révélateur des théâtres de la cruauté et de la mort qu’est volontairement ou sans le savoir le monde. Le Théâtre dit : regardez-vous donc, voyez donc plus loin ! Le théâtre n’est pas un marionnettisme, mais un regard. Les aveugles manipulent des figures pour la galerie, les voyants les démystifient et les balaient. Les hommes du théâtre de l’ombre qu’est le monde enferment l’être et le pétrifient. Les hommes du théâtre de lumière qu’est le Théâtre joué de l’autre côté du rideau ouvert, redonnent vie aux êtres pétrifiés en les animant par l’esprit de vérité. Le Théâtre arrache les masques des hommes, les arrache à leur mort. Le Théâtre tend la main aux hommes et les fait monter sur la scène de la vie.

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Immense Tadeusz Kantor

« À une époque où règnent trop souvent l’exploitation des innovations d’hier, où les audaces apparentes ou réelles sont consommées, assimilées, digérées à une vitesse foudroyante, où le choc voulu dissimule mal un conformisme souvent profond, où le maniérisme se veut style et finesse quitte à changer selon l’évolution des modes et des snobismes, Tadeusz Kantor pose comme condition même de son activité – et cela fera bientôt quarante ans qu’il la pose – le radicalisme en art. Ce radicalisme n’est point « jusqu’au boutisme ». Il implique le refus des compromis et des concessions, l’engagement total et sans tricherie, dans une aventure non-programmée qui passe par la volonté d’aller toujours au-delà. Il suppose la lutte continuelle contre les pratiques courantes, traditionnelles, conventionnelles, un art fondé sur le risque permanent, un risque qui ne soit point calculé. Tadeusz Kantor ou la vie dangereuse d’un artiste sur la corde raide. Une telle conception ne va pas sans renouvellement incessant et surprenant, chaque nouvelle création marque une étape en rupture, mais derrière la série des ruptures la continuité demeure : le passé a beau être mis en cause, rejeté, violé, créations et manifestes ont beau se succéder, au-delà du renouvellement le passé demeure à travers thèmes et nostalgies. À chaque création Kantor remet tout en jeu et se remet lui-même en question, mais les bases de son idéal exprimé en 1942 restent valables pour aujourd’hui. Telle est bien la dialectique de l’évolution artistique de Kantor. » Denis Bablet, Les voies de la création théâtrale, T. Kantor, Éditions du CNRS 1983

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Brève présentation, suivie de La classe morte
https://youtu.be/xSoE8V1ObuE

Émission sur Kantor suivie de Wielopole, Wielopole
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