Afghanistan

Il n’y a pas que la guerre de Troie. Il y a l’éternelle guerre des planqués qui n’ont rien de mieux à faire que de se rêver en meneurs de guerres, pourvu que ce ne soit pas au bas de leur immeuble ou de leur palais. Ceux qui comme BHL appelèrent à armer les djihadistes afghans il y a trente ans, avec des accents de romantisme échevelé pour évoquer ces « hommes de foi », ceux qui armèrent en effet ces gens, et dont certains – BHL , toujours dans les mauvais coups – voudraient maintenant qu’on arme leurs ennemis, ces amis d’aujourd’hui qui pourraient eux aussi devenir demain les hommes à abattre des éternels interventionnistes, condamnés par eux-mêmes à n’obtenir jamais aucune satisfaction, le monde leur échappant, en vérité, quoi qu’ils fassent. C’est ainsi qu’ils pourrissent la vie de la communauté humaine, en voulant la régenter, dans leur égocentrisme et leur bêtise forcenée, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur quéquette qui voudrait se faire aussi grosse que leur tête – quand ils peuvent encore la voir.

Il faut lire ou relire cet article incroyable de Denis Souchon paru en 2016 dans le Monde diplomatique (en accès libre). Quand, dans les années 80, BHL déclarait : « Je crois qu’aujourd’hui les Afghans n’ont de chances de triompher que si nous acceptons de nous ingérer dans les affaires intérieures afghanes » – le même BHL qui s’indigne aujourd’hui haut et fort de voir triompher ceux-là qu’il appela, avec succès, à faire triompher. En ces années où toute la presse – non communiste – sur l’Afghanistan parlait d’une même voix, la même que celle des États-Unis qui armèrent ces gens dont tant d’autres mouvements djihadistes allaient s’inspirer, pour le résultat qu’on sait. Sans doute le retrait aurait-il dû être mieux préparé, mais le principe du retrait est certainement moins mauvais et moins nuisible à long terme que celui de l’ingérence, si on l’accompagne de suffisamment de mesures et de diplomatie.

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