Je n’aime pas le principe du bonsaï. Torturer un arbre pour l’empêcher de grandir, c’est horrible. Mais des camarades de l’un de mes fils encore à la maison lui en ont donné un, il y a un peu plus d’un an. Un tout petit arbre, en fait un ficus, qui n’avait presque plus de feuilles. Nous nous en sommes occupé en l’arrosant, en le mettant à la lumière et en lui parlant un peu, et il s’est mis à produire un abondant feuillage. Au bout de quelques mois, nous nous sommes même résolu à le tailler un peu, car il avait des branches fantasques qui montaient au risque de le déséquilibrer. Puis il est apparu, au cours de cet hiver, que les ressources de la terre, dans son petit pot, s’épuisaient. J’ai trouvé sur internet des conseils pour le rempotage.
J’ai procédé à l’opération l’autre jour, au début du printemps. J’ai pris une jardinière rectangulaire un peu plus grande, en plastique et non en céramique comme il le faudrait, car cela ne se trouve que chez les marchands de bonsaï et c’est plus cher. Je me suis dit, tentons ainsi, et si cela ne convient pas nous aviserons. J’ai enlevé le plus possible de la terre morte autour des racines et innombrables radicelles de l’arbre, avec les moyens du bord, un stylo, bien délicatement. Puis je l’ai installé dans sa nouvelle terre, du terreau que j’ai récupéré d’un pot sur ma fenêtre où ne poussaient, depuis longtemps, que de toutes petites herbes tombées du ciel.
L’arbre aujourd’hui se porte bien. Il a commencé à produire de minuscules fleurs. Et sa terre, que j’avais bien désherbée avant de l’y installer, commence à produire de nouveau des herbes miniatures. J’espère que cette cohabitation se passera bien. Je suis tout heureuse de lui avoir recréé un peu des conditions de nature, où il n’est plus seul. Cette nuit, avant de m’endormir, j’ai imaginé que de minuscules oiseaux, à sa proportion, venaient dans ses branches l’habiter et l’enchanter.