Le rire de Don Juan

J’étudie bientôt Dom Juan avec mes élèves. Il faut débarrasser la lecture de cette œuvre de la moraline dans laquelle on la noie. Comment ? En trouvant Don Juan en soi. Je ne crois absolument pas à la fin de Dom Juan. Molière et les autres auteurs de ce personnage se moquent, sans doute. J’aime l’interprétation qu’en a faite le jeune metteur en scène Damiano Michieletto pour le Don Giovanni de Mozart : cela finit sur le rire de Don Juan, pas du tout avalé par l’enfer contrairement à l’armée des imbéciles, des poussifs et des impuissants que son seul regard abat. Je suis une Don Juan qui n’obéit ni aux spectres ni aux statues, qui ne prend ni les uns ni les autres pour des figures du Ciel, qui ne se rend pas aux invitations à bouffer de la pierre avec les morts-vivants, ou bien qui n’y va que pour savoir ce qu’il en est, sans manger à ce ratelier-là, auquel il fait aussi en sorte, à volonté, de ne pas être convié.

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