Le temps était venu où son visage
subissait dans des salles obscures
les dernières injures. Des hommes
applaudissaient. D’autres jetaient
sa dépouille ligotée à l’étal des vitrines.
Il faisait rutiler ses saletés, le monde.
Le monde mourait de grande bouffe
acquise à même ses égouts. Et la parole
était jour après jour défigurée
par des faussaires aux yeux en manque.
Pur désir du pur amour, ne hurlais-tu
en moi de douleur pour notre arbre,
l’enfance de notre âme insultée,
la vérité laissée à ses froids tortionnaires ?
Elles chuintaient, les fourches des serpents,
et la mort essayait d’attraper les petits.
Pur désir, pur amour, notre arbre relevé,
du ciel tu penches doucement ton visage,
que sa bonté, que sa beauté paraissent
à qui daigne lever la tête et l’incliner très bas
en te voyant si bas descendre, ô notre grâce,
afin que nous puissions monter, fleuris de blanc,
nouveau-nés par le sang et par l’eau
versés de ton coeur dans le nôtre,
au trône de tes bras ouverts.