C’est l’été, je prends un thé dans le patio de la Grande Mosquée. Des moineaux pépient dans les figuiers, au-dessus des parasols crème. Ils vont et viennent, se posent sur les lanternes en fer ajouré qui pendent du plafond en marquetterie, étroit comme une allée, de l’auvent ; sur les grilles forgées des fenêtres ; sur le bord des petites tables rondes de mosaïque bleue ; sur le dossier des chaises de rotin, tressées de bleu et blanc, ou blanc et rouge ; sur le sol à mes pieds, et mes orteils frémissent de joie. Les gens sont là en couples, ou par deux amies. Moi aussi j’y suis venue avec une amie ou l’autre, dans le passé. Maintenant j’y vais seule avec mon cahier – je n’ai jamais eu de meilleur ami que lui. Je suis heureuse. La paix est belle. Les gens sont ici en paix.
(…)
Les pépiements, les volettements des moineaux me ravissent, ils me rappellent ceux qui ont accompagné le temps de prière que je fus autorisée à passer, seule, il y a quelques mois, dans une petite salle de la mosquée. Je ne l’ai pas refait, car ils s’attendraient à ce que je me convertisse, n’est-ce pas ? Or je suis déjà musulmane de cœur, en plus d’être catholique de naissance, et juive de langue, disons. Et je les aime tous, intensément, très.
(extraits d’un livre en cours d’écriture)
photos Alina Reyes
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