« Je crois en la religion de l’amour où que se dirigent ses caravanes, car l’amour est ma religion et ma foi », Ibn Arabi, calligraphie de Abd elMalik nounouhi
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À bride abattue ma folie
Traversa, mongole, la lie
Des âmes folles de me voir
Tant étrangère en leur miroir.
Sur mon passage lits de roses,
Larmes d’amour, rivières de proses,
Constant poème du vivant
Débordé par sa crue, sauvant
Vos cœurs entre lesquels balance
Mon pendule. Quel sang s’élance
Aux isthmes, aux rives et aux ports
De mes côtes fractales, quels sorts
Se jettent, amers, aux embouchures
Des chants et des littératures ?
Hordes sans frein de mon désir
Exercées à bondir, brandir
L’épée, le cri et l’oriflamme,
Et qui se couchent comme une femme
Devant la parole de Dieu !
Que vos armées montent au lieu
De mon obéissance, hommes,
Enfants que la lumière nomme,
Que nos amours s’élèvent, soleils
Au ciel roulant pour nos pareils !
Toute bride abattue, ma danse,
Indestructible cœur d’enfance,
Course dans mes veines, réveil
Montant du bout de mes orteils
Aux oreilles du monde, moi-même,
Lovée dans l’hélice je-t-aime.
Qui m’enroule, me prend, me saoule,
Qui m’irradie, quelle houle
Me berce, me noie, me ravit,
Me transporte où tout vibre, vit,
Quel amour fou me tient éprise ?
Centre, je suis ta multiprise !
Creux de mes os, profond fourneau,
Creux de mes chairs, brûlant anneau,
L’arbre géant de la naissance
Souffle à pleins flux son essence :
Encore, je danse ! Déployant,
Vive, dans l’espace le temps
D’adorer, membres ouverts, l’homme.
Longue passion, agonie, somme
Des intelligences célestes
Combinant leur dernière geste.
Viens, mon amant, ta douce peau
Me chante le prochain berceau.
Sans bride, sans selle, sans monture,
Je poursuis seule l’aventure,
Par infimes avancées vais
Tout près des mystères derniers
Trouver ce qui ne peut se dire,
La joie qui se connaît, le rire
Final, entier, libérateur.
Plus aucun reste. Le moteur
S’allume à la prime étincelle
De la flamme que je fus, celle
De ma violente douceur,
Ô mon poème blesseur !
Au bout de la terre la pointe,
Flèche immobile, langue ointe.
Tout désir, toute à toi,
Celle qui te connut, te loua,
S’en revint au matin boiteuse,
Marquée, bénie et bienheureuse,
Eau poissonneuse, parfum
De sacrifice aux cieux, à l’Un,
Le Dieu dont l’être est une histoire,
Rapport entre l’homme et la gloire,
Mon seul époux, ma soumission,
Chevauchant la Révélation.
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(un poème extrait de Voyage, mille et une pages de nouveau en cours d’écriture, en chemin dans l’islam)
*
…
Tôt ce matin en train de recopier en arabe Al-Fatiha, L’ouvrante, qu’il me faut apprendre par cœur, un ange, sous la forme d’une minuscule mésange bleue et jaune, est venu s’accrocher à ma fenêtre en pépiant.