La pluie autour de la maison, comme si elle tournait. À l’aube il ne pleuvait pas encore. Un oiseau me réveille, je prie, je me lève, je prie. À midi je marche dans la forêt sous la pluie, je reste immobile dans la forêt, je contemple et j’écoute les tourterelles, les pics, les merles. Je ramasse et je coupe sur le sol des petites branches, bientôt j’en ai les bras pleins, comme d’un bébé. Je rentre, le feu brûle dans la cheminée, je fais la cuisine. L’après-midi vient, A nous fait écouter des airs chantés par Maria Callas sur un 33 tours. La splendeur de sa voix déchire toute la maison, on croirait mourir, passer dans une autre dimension. Il met un documentaire sur elle, elle parle beaucoup d’offrir au public, d’offrir, et puis une fois elle dit : le public contre lequel je me battais. Elle explique avec beaucoup de gravité qu’elle n’est pas une idole, bien qu’on veuille faire d’elle une idole. Une autre fois elle dit : nous sommes dans la main de Dieu. « J’ai donné mes chants aux astres pour qu’ils brillent encore plus », chante-t-elle dans l’acte de la Tosca qu’il nous passe pour finir. La nuit est là, tombeau vide d’où l’aube prochaine va s’élancer.
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Mon coeur est plein d’amour
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