Une petite neige volette à ma fenêtre, en ce moment même, ici à Paris.
Il y a trois ans, les 9 et 10 février, j’étais à Lourdes. Au petit salon du Livre des Sanctuaires, en l’honneur de la première Apparition à ma petite soeur Bernadette, avec mon livre sur cet événement, paru deux ans plus tôt. Le 11 au matin, jour de l’Apparition, il neigeait. Je suis allée encore une fois à la grotte, avant de prendre le car pour retourner à la grange, là-haut dans la montagne, où je suis ensuite restée seule pendant sept mois. Qui avait décidé de salir cette date en la choisissant pour m’annoncer l’injustice ? La neige au contraire lui fit une robe digne d’entrer dans la Résurrection.
Un passage de Voyage l’évoque :
Je suis montée entre les hauts congères, par la route complètement blanchie, conduisant avec une vive attention ma voiture dépourvue de chaînes. Au lieu nommé Le Caillou, je l’ai garée, derrière le gros rocher. J’ai marché une demi-heure dans la tempête de neige, traînant mon bagage, parfois m’enfonçant jusqu’aux genoux. À la lisière de la forêt ma grange est apparue, féérique dans son épais manteau immaculé.
J’avais chaud, d’avoir marché jusque là avec mon sac à dos, déneigé à la pelle devant la porte pour pouvoir entrer, transporté les bûches depuis l’abri à bois. Mais quand la voix de maître Human, par le téléphone, m’a vrillé au creux des os, il s’est mis à faire froid à pierre fendre. Après tout ce que j’ai traversé, je ne sais pas comment je suis encore vivante, et avec toute ma raison dans la folie. Le lendemain matin, de nouveau bienheureuse dans ma parfaite solitude, j’ai trouvé le nom de cette grange : Dieu sauve.