Les sans-Vrai

 

Tricheur, la fille ou la femme pour et contre laquelle tu te débats n’existe pas ailleurs qu’en toi. Quelque part au fond, c’est toi la fille que tu veux tout à la fois dominer et coming outer. Mais en vérité, tu n’as pas d’enfants – seulement d’autres tricheurs dans ta suite.

J’entends un dominicain dire des choses déplorables.

Dire que la liberté a quelque chose à voir avec le bricolage, le code de la route, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, dire cela est contraire à l’enseignement du Christ. Et même cela empêche l’accomplissement de l’enseignement du Christ. La liberté c’est d’obéir à Dieu, d’être en Dieu. Voilà la vraie liberté, qui détruit le mal. « Si le Fils vous libère, alors vous serez libres ». Pourquoi ? Parce qu’il connaît Dieu. Qui est ? Le Vrai.

Dire que l’homme doit, d’individu, devenir sujet, et de sujet, personne, dire cela, c’est insulter l’homme. Tout homme, même le plus « simple », est sujet et personne. Des multitudes de croyants, mais aussi d’hommes sans religion, savent cela. Si un religieux l’ignore, si en lui l’homme est à ce point dégradé, comment attirerait-il les hommes à la religion ?

Et enfin, comment un prêtre qui prétend que ce n’est pas dans les églises qu’il faut agir attirerait-il des hommes dans les églises ? La liturgie, si elle est réel acte de foi, ne sait-il pas qu’elle ouvre aux hommes le ciel, où les anges la vivent en même temps, comme le dit un imam un jour à la mosquée ? Et il était si clair, là, en le vivant, que c’était Vrai.

 

Sous un autre jour

 

Dans le mot grec proseuchè, qui signifie prière, nous entendons :

pros : qui signifie face à (c’est aussi le préfixe de prosternation)

eu : qui signifie bien, bon

chéo : qui signifie verser, répandre

Ainsi est-il possible d’entendre dans la relation des trois syllabes de ce mot tout à la fois l’attitude de l’orant et celle de Dieu. Ainsi en est-il de l’attitude des derviches tourneurs, qui lors de leur prière dansée, bras en croix (et la tête couverte d’une coiffe signifiant la mort de l’ego), tiennent une main tournée vers le ciel pour recevoir la grâce qui en descend, l’autre tournée vers la terre pour l’y reverser. (C’est aussi l’attitude de l’arbre qui fait la couverture de Voyage).

Le bienheureux Charles de Foucauld écrivit en 1901 : « L’Islam a produit en moi un profond bouleversement. La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines ». J’ignorais quasiment tout de lui lorsque, « par hasard », j’allai un jour à Tamanrasset, et au désert – où je le compris d’un coup, tant cet endroit, avec ses habitants, sédentaires et nomades, me captura d’amour : Dieu Y est.

Ce père du désert écrivit aussi : « Avoir vraiment la foi, la foi qui inspire toutes les actions, cette foi au surnaturel qui dépouille le monde de son masque et montre Dieu en toutes choses ; qui fait disparaître toute impossibilité ; qui fait que ces mots d’inquiétude, de péril, de crainte, n’ont plus de sens ; qui fait marcher dans la vie avec un calme, une paix, une joie profonde, comme un enfant à la main de sa mère ; qui établit l’âme dans un détachement si absolu de toutes les choses sensibles dont elle voit clairement le néant et la puérilité ; qui donne une telle confiance dans la prière, la confiance de l’enfant demandant une chose juste à son père ; cette foi qui nous montre que, « hors faire ce qui est agréable à Dieu, tout est mensonge » ; cette foi qui fait voir tout sous un autre jour … »

 

Salves et bondissements

 

Réveillée avec une salve d’idées nouvelles pour la sortie de Voyage. Oui, je fais toutes choses nouvelles.

Ne croyez pas ce qu’on vous dit, que « nous sommes des pauvres gens », condamnés au péché. La voie de la libération est ouverte.

Le problème de notre monde c’est la perte de l’universalisme de l’homme, qui s’accompagne de la perte de son éternité. La spécialisation des tâches et des études accroît l’efficacité, mais vient un point où l’homme se retrouve au fond de l’impasse. Nous devons retrouver la voie de notre propre universalité, en goûtant notre humilité dans l’accomplissement des tâches humbles (au lieu de les déléguer) autant que dans celui des grandes missions. La voie qui donne et requiert celle de savoir prendre son temps, et d’en être en retour gratifié par Dieu à l’infini pour un.

Car plus, en allant humblement et lentement, on se rapproche de Dieu, plus on va vite dans les siècles des siècles. Tout en bondissant, à la fin qui est aussi à chaque instant, par-delà les siècles. Embrassant tout le temps.

 

Forêt vierge

 

Les hommes sont plus étourdis que des linottes. Un jour ils voient Dieu qui leur envoie des signes, le lendemain ils ne s’en souviennent plus.

L’homme est l’obstacle de l’homme (et de la femme). Soyons champions au saut d’obstacles.

Ma vie a toujours été splendide et pure, y compris dans les tribulations, et j’en rends grâce au ciel. Car tout est pur pour les cœurs purs.

Or tous les hommes ont le cœur pur, tant qu’il n’a pas été souillé. Ce qu’il faut donc leur enseigner, c’est la vie vierge.

 

 

À l’Ascension, Marine Le Pen tombe (dans sa piscine vide)

image Alina Reyes

 

Angelina Jolie, mère de six enfants, pour ne pas avoir à les quitter prématurément fait le sacrifice de ses seins : Christine Boutin aussitôt pense qu’elle veut ressembler à un homme. Les obsédés du gender (partisans ou adversaires) n’ont qu’un Dieu : leur propre névrose, pour ne pas dire pire.

Comme tous les tricheurs, Jérôme Cahuzac joua les contrits, voire les au-bord-du-pire, comme qui dirait d’un qui ferait l’expérience de la limite entre la vie et la mort. Pas au point, cependant, de renoncer à escroquer le contribuable en continuant à toucher son gras salaire à ne rien faire.

« L’Église ne s’en sort pas, les hommes (et les femmes) passent, on est toujours dans les mêmes dérives, cela signifie qu’on se trouve dans un système », écrit un lecteur à la suite d’un article du Monde évoquant l’affaire d’abus du fondateur des « Frères de Saint-Jean ». Ce système, c’est l’opacité dans laquelle sont tenues les relations, le refus de la lumière qui préside au fonctionnement d’une institution où l’on croit légitime de dominer les fidèles. Il ne suffit pas de reconnaître les abus passés, ce qu’il faut maintenant c’est changer radicalement d’attitude, car les abus et autres tricheries ne sont pas toujours aussi spectaculaires que les abus physiques. Moraux, ils sont au moins aussi graves, et c’est pourquoi le peuple éduqué fuit l’Église. Il ne suffit pas de prononcer de belles paroles ou de prendre de beaux noms, il faut devenir clair, vraiment. Et puis après tout je suis lasse de le répéter, je m’en désintéresse presque à vrai dire maintenant. Je suis dans l’état d’esprit de secouer la poussière de mes sandales, et de continuer à porter le Christ où il peut être entendu. Peut-être l’Église doit-elle sortir de l’Église pour pouvoir ressusciter. Voyage arrive pour cela. Qui croit au Jour, qu’il le suive.