Purge

Purge  Sofi oksanen_portrait

Sofi Oksanen

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Nous parlions tout à l’heure des 24 intellectuels qui ont signé un manifeste et lancé une pétition pour la protection des animaux, tombant d’accord avec le défenseur des enfants Jean-Pierre Rosenczveig qu’il est regrettable que ces intellectuels ne se soient pas d’abord préoccupé des droits des êtres humains, notamment de ceux, enfants et adultes, qui vivent parmi nous dans des conditions que nous trouverions inacceptables pour nos animaux.

Mais voici pire : les 343 intellectuels, autonommés 343 salauds, emmenés par Frédéric Beigbeder, qui lancent la pétition : « Touche pas à ma pute ». Leur pute. Le pubeux Beigbeder a sévi. Dans l’indigne. On peut discuter du bien-fondé de l’idée de pénaliser les clients de prostituées. Mais pas ainsi. Contrairement à ce que semble dire leur slogan, ce n’est pas le droit des prostituées que défendent ces signataires, c’est leur propre (si l’on peut dire) consommation. Et leur fantasme de possession et de domination. Or ils auront beau payer, les prostituées ne leur appartiendront jamais, pas plus que n’importe quelle femme, n’importe quel être humain. Leur combat est perdu d’avance, et ils ne font que retourner contre eux leur propre putasserie.

Une fois je suis allée visiter une péniche qui était à louer. Au retour, j’ai traversé le bois de Boulogne à pied. Ce que j’ai vu était particulièrement sinistre. Ces femmes abîmées – l’une d’elles en train de chier par terre sans se cacher –, ces hommes allant chercher dans cette misère quelle sorte de plaisir ? Misère des femmes, misère des hommes, misère sur misère. Sans compter que plus que jamais les prostituées sont victimes de trafics d’êtres humains. D’autres écrivains font leur travail, eux, comme Sofi Oksanen dans son roman Purge.

 

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