J’ai laissé à la montagne ce petit livre de Raoul Vaneigem, mais j’en retrouve de bons extraits ici. « On ne combat pas et on ne décourage pas la bêtise et l’ignominie en leur interdisant de s’exprimer : la meilleure critique d’un état de fait déplorable consiste à créer la situation qui y remédie », dit-il notamment.
« Si on veut faire diminuer l’influence de Dieudonné sur une partie importante de la jeunesse, il ne faut pas se contenter de condamnations morales unanimes et confortables, destinées plus à mettre en avant l’éthique de ceux qui y participent qu’à modifier réellement les choses. », écrit ici Pascal Boniface.
Et Denis Robert, qui sait la valeur de la liberté d’expression, à propos de Valls, ici : « C’est user de stratagème pour arriver au pouvoir, c’est penser que la fin justifie les moyens. La politique, c’est de la réflexion, du recul, de la dignité. Là, c’est indigne. En montant en épingle à des fins politiques un événement qui ne le méritait pas, Valls –et maintenant le gouvernement- joue avec des allumettes. Dieudonné est devenu une vraie rock star. La rock star des pauvres et des désorientés… »
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Je suis pour la plus grande liberté d’expression. Dans les deux sens. C’est-à-dire : que ceux qui veulent dire quelque chose puissent le dire, et que ceux qui veulent protester contre cette chose dite puissent également exprimer leur protestation. Mais pas de censure. Ou bien une censure soigneusement délimitée, qui ne fasse pas deux poids deux mesures : si l’incitation à la haine ou au meurtre est interdite, qu’elle le soit pour tous, de façon réellement effective, et non pas seulement quand elle vise certaines catégories de gens. Même si elle pouvait être équitablement appliquée, une telle censure serait encore un pis-aller, un défaut de maturité des esprits et de la politique. Éduquons nos esprits, apprenons à ne pas nous laisser dominer par les paroles des autres, au point de n’avoir d’autre recours que de les censurer.