L’excitation

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L’excitation a-t-elle quelque chose à voir avec la mort ? Avec l’envie de se fourrer ou se faire fourrer dans la matière ? Pourquoi le sang accourt-il sous la peau, à cette idée de pénétration ? Alors que nous pleurons aux enterrements.

Certains cherchent sans cesse l’excitation, d’autres passent leur temps à la fuir. La cause de leur comportement est la même : la peur de mourir. Rechercher ou refuser le sexe leur sert de conjuration. Vaine. Rechercher ou refuser le sexe ne fait qu’entretenir la mort tout au long de la vie. Ne fait qu’entraîner la hantise de la vie par la mort. Ce qui libère la vie de la mort, ce n’est ni la quête ni la fuite du sexe, mais sa connaissance.

Ici nous sommes dans le domaine de la connaissance du sexe. Et comme toute connaissance particulière, elle conduit à la connaissance générale et entière.

J’ai entendu un jour un auteur de littérature pleine de sexe dire qu’elle n’était « pas là pour faire bander les lecteurs ». Comme beaucoup de ses confrères, comme les curés tripoteurs, elle n’assumait pas ce qu’elle faisait. Je sais que mes lecteurs et lectrices peuvent bander, et je veux en les faisant bander les enseigner. Que leur bandaison ne leur soit pas salissure ni perdition, mais éclaircissement. Une parole assumée, par l’auteur et par le lecteur, n’est pas néfaste mais faste, fête du corps et de l’esprit.

S’il n’y avait pas de sexe il n’y aurait pas de chant, pas de langue, pas de religion, pas d’art, pas de philosophie, pas d’homme. Il y aurait des mathématiques, mais personne ne les aurait découvertes. Ceux qui, d’une façon ou d’une autre, dénient le sexe, dénient toute l’histoire de l’humanité. Ils restent privés de ses bienfaits, sans pouvoir se libérer de ses méfaits.

alinareyes