Alors qu’il fait encore nuit, immobile les yeux ouverts dans l’ombre je regarde une étoile sur les toits, une planète suspendue au-dessus des cheminées.
La dernière étoile disparaît, j’ouvre la fenêtre et j’entends la cloche de l’église sonner. « Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant », dit Rimbaud.
J’ouvre Google Actualités, je lis : « La bourse de Paris finit dans l’allégresse ». Le corps hésite entre aller vomir ou aller se recoucher.
Où se trouve l’argent, se trouvent ses esclaves. Ceux qui en jouissent, par leur train de vie ou dans leur for intérieur, lui appartiennent. C’est lui qui détermine leur conduite et leurs choix politiques, même quand il n’y paraît pas. Et ceux qui parmi eux croient prier Dieu vénèrent en fait le diable.
Longtemps j’ai espéré, afin de protéger l’ordre du cosmos, que les corps des méchants ne mourraient pas tant que leurs iniquités n’auraient pas pris fin, tant que la vérité ne serait pas rétablie. Puis j’ai admis que leur duplicité, leur lâcheté, leur perversité, ne cesseraient de plomber le monde qu’avec la disparition des corps et âmes dont elles avaient pris possession. Confiance, le temps fait et fera son œuvre. « Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant ». La fin du monde est la fin de la domination du monde, à savoir de la société et de l’argent, sur l’humanité.
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