Soudain cette nuit ma pièce s’est présentée à moi, de façon saisissante. J’avais commencé à l’écrire sans savoir qui elle était, et voici, tout s’est passé comme si l’un de ces inconnus qu’on croise dans la rue s’était arrêté pour me tendre la main et me dire son nom.
J’entendais dire hier d’Hokusai : il était un peu bouddhiste, et surtout shintoïste. Comme Gandhi se disait hindouiste, et de toutes les religions. L’Occident souffre de sa rigidité. Ici les esprits sont cloisonnés, voire emmurés. Cette maladie a atteint aussi le Moyen Orient, où pourtant l’islam est né dans la plus grande libéralité, assumant et reconnaissant les monothéismes qui le précédaient, se tournant vers Jérusalem puis vers La Mecque sans pour autant se détacher de Jérusalem. Tout est possible, telle semble être la devise de l’Orient, tandis que la mentalité moderne semble proclamer : tout ce qui n’est pas contenu dans mes limites est hors de moi. L’homme moderne est borné, l’homme oriental est en voie et sait que tout peut se rencontrer en chemin.
Les prairies de la terre et du ciel sont pleines de fleurs variées, là est l’enchantement, là est la joie. Les baies empoisonnées je les laisse, les autres je les goûte, chacune selon leur goût. Le présent est omniprésent, fleurissant et fructifiant chaque jour de plus belle. Rien de ce qui est vivant ne m’est étranger. Cité de la terre et du ciel, je suis à jamais ton habitante et je te porte sur mon dos, baluchon et enfant, pain et habit de rechange.
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