Feuilletant le numéro de la revue Page consacré aux livres de la rentrée littéraire. Eh bien, pour du roman, y a du roman. Et beaucoup de bon, sans doute, voire du très bon ou très intéressant. Littérature française, littérature étrangère… des histoires, en veux-tu en voilà. Le monde vu sous toutes ses coutures sociales, psychologiques, politiques, historiques… Très bien très bien, il en faut. Mais le reste ? Je veux dire, la littérature qui ne se résume pas à des histoires, et à des histoires d’humains, trop humains ? Où sont les Nerval, les Kafka, les Borges, les Céline, les Kerouac d’aujourd’hui ? Où est le rêve profond, la spiritualité sidérante, déménageante, où ce qui sort l’homme de l’homme, de son monde si étroit, si peu lumineux, si peu étonnant, si prévisible ? Où la langue, le sens de la langue ? Où la poésie ? Le roman aujourd’hui a phagocyté la langue, et dans sa part la plus basse : celle qui sert à communiquer. Les supermarchés ne sont pas des lieux qui fournissent de la nourriture. La nature fournit la nourriture. Si on ne s’intéresse qu’aux supermarchés en oubliant la nature, il n’y aura plus rien à manger.
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