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Il est conseillé d’y consacrer une année entière à temps plein, consécutive à cinq années d’études après le bac, et dans le cadre d’une préparation spéciale à suivre à l’Université ou en cours par correspondance.
Je ne suis pas du tout en mesure de donner des conseils, m’étant décidée en octobre dernier, ayant à peine cinq mois de préparation, que je fais seule, sans cours ni aide et avec seulement les livres au programme (n’ayant pas les moyens d’en acheter), et alors que mon diplôme date de bientôt 30 ans. De plus je suis requise par des soucis matériels sérieux, et fatiguée par un traitement anti-cancéreux. Autant dire que j’ai très peu de chances d’être reçue à ce concours. Cependant je veux essayer de dire ce que m’apporte le fait de le tenter.
Linguistique, lexicologie, grammaire du français, ancien français, grammaire de l’ancien français : dans ces domaines scientifiques j’ai quasiment tout oublié. En anglais cela devrait à peu près aller ; en grec ancien je ne suis sans doute pas au niveau. Mais je sais que ce que nous avons appris nous a formés. A formé notre cerveau, physiquement. Et si je ne peux extraire de ma mémoire le détail de ces connaissances acquises il y a longtemps, le fait d’avoir à y retourner réactive cette forme de lucidité et d’exigence que donne l’étude précise des faits, des fonctionnements. D’ici le 7 mars prochain, date de la première épreuve, j’aurai fait ainsi durant ces mois un grand nettoyage de printemps dans mon esprit.
Quant aux épreuves de littérature, je n’aurai eu le temps de lire que les œuvres au programme – et quelques articles sur ces œuvres. Lire attentivement les quatorze œuvres au programme constitue déjà un marathon. Les épreuves de dissertation, qui dureront sept heures, en seront d’autres. Pas de choix entre plusieurs sujets, pas question donc de faire des impasses. Et les dissertations doivent être rédigées sans disposer des œuvres, il faut donc les avoir suffisamment en tête pour pouvoir écrire quinze à vingt pages (me semble-t-il) sur une question particulière et bien sûr inattendue, en ayant en mémoire les citations appropriées. C’est alors qu’il va falloir compter sur les ressources de son intelligence, et sur une mobilisation digne de celle d’un athlète lors d’une compétition : tout à la fois l’endurance d’un coureur de fond et l’élan formidable d’un sprinter.
Cela dit et récapitulé, il me semble que cela peut aider. Et même si je devais échouer, je n’aurais rien perdu. Je le dis à tous ceux qui tentent quelque chose de difficile : si vous le faites honnêtement, quel que soit le résultat, vous n’aurez rien perdu. Bien au contraire. Nous ne perdons que lorsque nous ne faisons que répéter toujours ce que nous savons faire. C’est ainsi que notre cerveau s’encrasse, et que nous mourons dans notre crasse. Je l’ai déjà dit assez souvent, je suis pour la difficulté. Mais la bonne difficulté. Non pas celle des complications et rigidités inutiles de l’orthographe (un peu de souplesse avec l’accent circonflexe, oui c’est très bien, il est des cas où il n’y a aucun mal à s’en passer ! – et il est meilleur par exemple de rendre nénufar à son orthographe logique et correcte, avec un f, pour ce mot qui vient de l’arabe et non du grec), non pas la difficulté qui fait stagner ou régresser, mais la difficulté qui fait avancer. Par exemple, suivant Yves Michaud, je suis pour l’enseignement de la philosophie dès l’école primaire. Faut-il classer les Pensées de Pascal, au programme de l’agrégation de Lettres cette année, dans la littérature ou dans la philosophie ? Dans la littérature, mais en ayant à l’esprit que ce texte a une coloration philosophique, ou une parenté avec la philosophie, comme tous les vrais textes littéraires. Et voilà encore une remarque qui peut nous aider à passer ce concours, qui honore notre système éducatif par la hauteur de son niveau. Puisse-t-il tirer vers le haut tout ce qui dans le reste a grand besoin d’être élevé ou relevé.
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