Aujourd’hui j’ai fini de distribuer les exemplaires qu’il me restait de mon livre Voyage (je n’ai pas compté, mais il devait y en avoir environ 150). Tout l’été j’en ai déposé, jour après jour, dans des boîtes à livres, sur des bancs publics, dans des jardins, dans des églises, dans des résidences diverses à Paris. O en a déposé aussi quelques-uns dans des boîtes à livres en Champagne et près des châteaux de la Loire. Le livre partait vite – indépendamment du contenu, c’est un bel objet, comme me le dit un jeune vendeur de chez Gibert, qui me demanda quel était l’artiste qui avait réalisé la couverture. Voilà, c’est très bien : partir en voyage ne sert à rien si on ne sait pas en revenir. Sans doute continuera-t-il à voyager de mains en mains, de boîtes à livres en boîtes à livres, de lecteurs en lecteurs, ou simplement de curieux en curieux. Rien ne peut me satisfaire mieux. Toute la beauté est là, celle du geste gratuit. Voilà un livre qui aura eu un destin peu commun. Et c’était en quelque sorte ma forme de participation au Street Art, avec les Post-It littéraires que j’ai aussi distribués précédemment dans la ville. La vie au naturel, la vie libre est un poème.
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