Dombasle, Slimani, Darrieussecq, BHL… la mort aux trousses

 

En plein confinement, alors que tant de gens souffrent, soit malades soit soignants et autres dévoués à la survie de tous, Arielle Dombasle fait la promo de son dernier titre sur les réseaux sociaux, se mettant en scène en train de rouler dans Paris désert, en limousine avec chauffeur. Qu’importe aux privilégiés le bien commun ? Comme les « Marie-Antoinette » dont je parlais hier (expression qui a été reprise par France Culture), à savoir Leila Slimani dans Le Monde et Marie Darrieussecq dans Le Point, ces gens n’ont même pas conscience de leur indignité, l’étalant complaisamment, dans leur égocentrisme forcené. Pourquoi en parler ? Parce que ces déplorables exemples sont emblématiques de toute une partie de la population, de tout un monde de privilégiés qui agissent de même, convaincus de leur bon droit, le droit d’être au-dessus de la règle commune, le droit de tricher, le droit de sacrifier les autres, le droit de s’idolâtrer eux-mêmes, « quoi qu’il en coûte » comme dit l’un des leurs, quoi qu’il en coûte à ceux qui ne sont rien, qui sont corvéables et sacrifiables à merci. Nous sommes en guerre, dit Macron, mais s’il s’agit d’une guerre contre la pandémie ce ne sont pas eux qui la font. Eux se débinent, autant que possible. Eux ont leurs planques, pour leur fric comme pour leurs personnes, et s’ils envoient le peuple lutter contre l’épidémie c’est qu’ils ont besoin du peuple, sur le dos duquel ils vivent, pour continuer à se maintenir.

En vérité les privilégiés ont peur. Ils sont en guerre ? Oui, contre ceux qui pourraient leur reprocher leur incurie. En guerre pour garder leurs privilèges, menacés par la désorganisation induite par l’épidémie. Le coronavirus n’est que le petit signe de ce qui les menace : leur propre néant, leur propre illégitimité. Dombasle squelettique et les yeux déjà quasi caves ne voit pas que ce qu’elle met en scène, c’est sa peur de la mort, mort physique et mort sociale. Ce qu’elle montre, c’est la hantise de son propre cadavre transporté dans un corbillard à travers un monde devenu éteint pour elle parce qu’elle est elle-même éteinte. De même Darrieussecq racontant qu’elle cache au garage sa voiture immatriculée à Paris pour ne pas aller à la plage avec un « 75 aux fesses ». Outre qu’elle aussi circule en contrevenant aux consignes et en fait la publicité, ce qu’elle ne voit pas non plus c’est que ce « 75 aux fesses » est un aveu de hantise de la mort aux trousses, de la mort aux fesses qu’elle partage avec les acheteurs compulsifs de PQ. Slimani voit la nature gelée, quitte sa mère, mortelle, trop mortelle ; Darrieusseq cherche refuge dans le ventre maternel, la maison familiale, à proximité de ses parents. Oui, la mort les hante, et doublement parce qu’elle habite tellement en eux, sous la forme du mensonge, des privilèges indus, de l’éternel parasitisme.

BHL, après avoir retweeté Pivot souhaitant juste avant le confinement que « d’innombrables citoyens » envahissent les librairies pour faire provision de livres (toujours avec le même mépris de cette classe pour la vie humaine), se fend ce matin d’un tweet d’hommage aux soignants, éboueurs, etc. Tous ces gens qu’il a insultés pendant des mois quand ils sortaient en gilets jaunes. Non, l’argent ni l’entregent ne protègent de tout. Son hommage soudain est un autre aveu de peur, face à la révélation éclatante de l’iniquité, de l’incapacité, de la dangerosité, de la fragilité, de son ordre, de leur ordre.

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alinareyes