Pour la première fois, hier, j’ai vu un dinosaure en rêve. Je rêve fréquemment de toutes sortes d’animaux sauvages, mais cette fois il semble que je remonte le temps. J’ai vu aussi en rêve, cette nuit, des pousses de plantes bien vertes sortir d’entre les touches de mon clavier d’ordinateur, leurs racines sous les touches – la première pousse sous la touche « ctrl » de droite. Remontée plus en arrière encore dans le temps ou projection en avant ? Il est sans doute un point où les deux se rejoignent.
Vivre : faire l’expérience du temps. Souvent nous la fuyons, et nous fuyons notre propre vie. Nous avons peur de l’ennui, ou du miroir que nous tend le temps. Pourtant l’expérience du temps est riche et c’est en ne la fuyant pas que nous nous préparons, sans doute, à l’Heure. L’Heure où le temps pour nous sera comme une montagne changée en papillons, où un instant, ce que nous appelons le dernier instant, comme au début du monde sera plein d’une éternité.
Quand nous avons un accident, nous pouvons expérimenter le ralentissement du temps, comme au cinéma. Quelques secondes s’étirent, ce qui se passe est décomposé en séquences longues. Quand nous rêvons la nuit, nous expérimentons la possibilité de vivre mentalement de longues séquences qui peuvent ne durer selon l’horloge qu’un court instant. C’est dans l’amour et aussi dans la solitude que nous pouvons apprendre à embrasser le temps sans crainte et sans désir de le contraindre. Il n’est pas déraisonnable de penser que notre dernier instant sera conditionné selon ce que nous aurons fait de notre mental dans notre vie. Qu’il pourra être, ou non, en fonction de cela, une éternité bienheureuse.